L’emploi des seniors va mieux. Mais pas pour tout le monde. Alors que l’insertion des travailleurs expérimentés est l’un des grands chantiers du gouvernement pour 2025, une étude publiée le 23 juillet par la Direction de l’animation de la recherche, des études et de la statistique (Dares) fait un état des lieux contrasté de la situation des 55-64 ans sur le marché du travail en 2024. Car sur le papier, tout semble aller dans le bon sens. «Le taux d'emploi des seniors continue d'augmenter et se situe à son plus haut niveau depuis qu'il est mesuré, en 1975», félicite la publication. Cela veut-il dire que tout va pour le mieux ? Pas vraiment. Car si la France commence à prendre la bonne trajectoire, seulement 60,4% des 55-64 ans ont un emploi, contre 83% pour ceux âgés de 25 à 49 ans. Pour le dire autrement, 4 seniors sur 10 (39,6%) étaient à la recherche d’un travail en 2024.

La génération 1962, la première à supporter le recul de l’âge de départ à la retraite

Et pour certains, cela est nettement plus dur. C’est particulièrement vrai pour les sexagénaires, et plus encore pour les natifs de 1962. En cause, la très décriée réforme des retraites de 2023, qui a repoussé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans pour les personnes nées après le 1er septembre 1961. Les premiers à essuyer cette nouvelle donne sont donc la génération 1962, la première à devoir, sans exception, rempiler deux années de plus. Conséquence logique, les gens nés cette année-là ont plus souvent un emploi. Pour preuve, «à 62 ans, la génération 1962 a un taux d’emploi supérieur de 10 points à celui de la génération 1961», explique l’institut statistique.

Et pourtant, ces personnes font partie des grands perdants de la réforme. Car même si elles sont plus nombreuses à travailler, elles sont encore plus nombreuses à ne pas pouvoir partir à la retraite. Car comme dit précédemment, la réforme des retraite a décalé l’âge de départ de deux ans. Alors forcément, il y a moins de retraités à 62 ans qu’avant. Mais en parallèle, le nombre d’emplois, lui, n’a pas augmenté dans les mêmes proportions. Résultat : un trou s’est creusé, et en 2024, une grande partie de la génération 1962 n’était ni en emploi, ni à la retraite. Comme le résume la Dares, «à 62 ans, la hausse du taux d’emploi (10 points entre les générations 1961 et 1962) ne compense pas la baisse de la part de retraités (13 points)». Autrement dit, la réforme a retardé les départs sans offrir suffisamment d’alternatives aux seniors restés sur le carreau.

Les mesures pour l’emploi des seniors votée par l’Assemblée à la rentrée

Désireux de corriger le tir, le gouvernement a donc initié cette année un grand «plan d’action en faveur de l’emploi des salariés expérimentés», issu de l’Accord national interprofessionnel (ANI) négocié avec les partenaires sociaux en novembre dernier. Parmi les mesures qui pourraient donc permettre aux seniors de retrouver plus facilement le chemin du bureau : le Contrat de valorisation de l’expérience (CVE), une sorte de CDI senior 2.0. Ouvert aux demandeurs d’emploi inscrits à France Travail d’au moins 60 ans, ou dès 57 ans si un accord de branche le prévoit, il permettra au salarié d’être embauché jusqu’à ce qu’il obtienne la retraite à taux plein.