A l'ère du management bienveillant, le recadrage, souvent associé à tort à une sorte de passage à savon, pourrait sembler anachronique. Il n'en est rien : «Il y a une sensibilité accrue sur certains sujets dans les entreprises. Depuis #MeToo, par exemple, certains dérapages autrefois tolérés ne le sont plus», pointe Jean-Edouard Grésy, anthropologue et associé fondateur d'AlterNego. Oui, les entreprises et les équipes ont plus besoin que jamais de managers sachant recadrer pour ne pas: 1) laisser libre cours à des agissements inappropriés; 2) permettre à un sentiment d'injustice de se développer au sein de l'équipe; 3) risquer de voir leur légitimité mise en cause.

Pourtant, les règles ont changé : hors de question de recadrer à l'ancienne, façon «remontée de bretelles» : «Il faut chercher à comprendre les raisons du dysfonctionnement, pointe Christine Benoit, auteure de "Recadrer sans démotiver" (Gereso). Recadrer, c'est un acte bienveillant.» Bien mené, le recadrage doit en effet permettre au manager d'exprimer ses attentes et ses besoins, et au collaborateur de partager ses difficultés. «Les deux doivent en sortir satisfaits !» Voilà pour la théorie. Place à la pratique en quatre exemples.

1/ Augustin est toujours en retard

Dans cette start-up, on ne «flique» pas les salariés sur leurs horaires, la plupart étant en télétravail. En revanche, il faut être présent à la seule réunion d'équipe imposée chaque semaine en visio. Un rendez-vous fixe qu'Enzo, commercial, a du mal à respecter : «Enzo se connecte toujours avec quelques minutes de retard et manque le moment d'échanges informels que l'on tient au début de la réunion», explique Bastien, son chef.

La solution : Déjà, ne pas le sermonner devant les autres. «Mieux vaut le prendre à part et institutionnaliser l'entretien», conseille Annette Chazoule, manager offre et expertise management et accompagnement du changement chez Cegos. Rester le plus factuel possible en évitant de généraliser. «Plutôt que "Tu es tout le temps en retard", dire "J'ai remarqué que tu t'étais connecté en retard aux trois dernières réunions"», suggère Christine Benoit. Ensuite, l'interroger (sans jugement…) pour comprendre l'origine de ces retards. Peut-être sont-ils indépendants de sa volonté ? Peut-être doit-il obligatoirement participer à une autre réunion calée juste avant et qui s'éternise systématiquement ? Il faudra alors chercher ensemble des solutions.

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