
Une prime pour pousser les salariés seniors à «rester au travail». Lundi 16 juin, François Bayrou a créé la surprise en proposant la création d’un nouveau mécanisme permettant aux travailleurs qui peuvent prendre leur retraite mais qui poursuivent leur activité de percevoir «une partie de leur retraite en plus de leur salaire». Objectif du Premier ministre : convaincre les Français de travailler plus longtemps que l’âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 62 ans et 9 mois pour la génération 1963 et qui doit progressivement atteindre 64 ans pour les personnes nées à partir de 1968.
Heureux hasard du calendrier, cette idée a été introduite par le Premier ministre à quelques heures de la dernière réunion du conclave sur les retraites entre syndicats et patronat, dans le cadre duquel les partenaires sociaux sont chargés d’«améliorer» la dernière réforme de 2023. Et seulement quelques jours après la présentation du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui estime que l’âge moyen de départ devrait atteindre 66,5 ans d’ici 2070 pour que le système soit à l’équilibre. Et c’est bien l’équilibre financier du système que vise François Bayrou. «Il y a une prime et en même temps des économies puisqu’on ne verse pas la retraite», justifie-t-il.
Un objectif qui n’est pas nouveau puisque c’est ce même équilibre financier qui a été mis en avant pour justifier les dernières réformes des retraites et les augmentations successives de l’âge légal de départ à la retraite. Tout comme le concept du «travailler plus (longtemps) pour gagner plus», en passant plus de temps en activité pour augmenter sa retraite. Trois mécanismes coexistent en effet déjà pour inciter financièrement les Français à repousser leur départ.
Surcote, cumul emploi-retraite et retraite progressive
Première option : la surcote. «Quand vous travaillez un an au-delà de l’âge légal, avec tous les trimestres nécessaires pour une retraite à taux plein, vous profitez d’un coup de pouce de 5% pour la retraite de base», définit Valérie Batigne, fondatrice et présidente du cabinet spécialisé Sapiendo retraite. Chaque trimestre travaillé une fois le taux plein atteint, vous touchez donc 1,25% de surcote. Et si ce mécanisme n’existe pas pour la retraite complémentaire, «vous touchez l’équivalent d’un an de points en plus pour votre pension», complète l’experte.
Autre possibilité : le cumul emploi-retraite. Le principe ? «Vous prenez votre retraite puis vous reprenez un travail. Ainsi, vous touchez ces deux revenus», explique Valérie Batigne. A noter que le cumul peut être intégral ou plafonné, le premier cas vous permettant d’acquérir de nouveaux droits. «Quand vous arrêtez votre activité, on vous calcule une deuxième retraite», ajoute la dirigeante de Sapiendo. Ainsi, non seulement vous augmentez vos revenus grâce au cumul emploi-retraite pendant votre seconde période de travail, mais vous vous constituez un supplément de pension une fois votre vie active derrière vous.
Dernier mécanisme à votre disposition : la retraite progressive. «Il s’agit de mettre en place un temps partiel associé à la perception d’une partie de votre pension», détaille Valérie Batigne. A la différence du cumul emploi-retraite, ce levier doit être activé avant la liquidation de votre retraite, dès 60 ans à partir du 1er septembre 2025, et est conditionné à l’accord de votre employeur. Vous continuez toutefois à cotiser pour votre retraite à venir.
«D’un point de vue collectif, la prime est un mécanisme très vertueux»
La prime évoquée par François Bayrou, qui vise comme les autres dispositifs à maintenir plus longtemps les Français dans l’emploi, «peut donc être considérée comme un mélange de surcote et de retraite progressive, analyse Valérie Batigne. Comme pour ces deux mécanismes, le travailleur est amené à différer son départ à la retraite». Et de la même manière, une carotte financière est proposée. «L’idée est d’inciter les Français à travailler plus longtemps. Non seulement ils continuent de travailler et ne ponctionnent pas le système de retraite, mais en plus, ils cotisent encore pour le système. D’un point de vue collectif, c’est très vertueux. Mais attention à bien calibrer la carotte, car cela peut coûter cher», avertit l’experte, pour qui «rien n’est plus efficace de repousser l’âge de départ et d’augmenter le nombre de trimestres» pour assurer l’équilibre de notre système de retraite.
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