
La retraite à 64 ans à partir de la génération née en 1968 est encore loin d’être digérée par de nombreux Français. Et pourtant, les actifs peuvent légitimement craindre que cette borne soit de nouveau repoussée. C’est en tout cas la position défendue par le Conseil d’orientation des retraites (COR), tout du moins son président Gilbert Cette, qui a présenté ce jeudi 12 juin son rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites en France. Un document de 242 pages qui irrite particulièrement les syndicats puisque, même si elle fait tout sauf l’unanimité parmi les membres du COR, une piste pour financer le système de retraite français y tient clairement la corde : relever une nouvelle fois l’âge légal de départ. Il s’agit pour rappel d’un des trois leviers régulièrement étudiés par cette institution indépendante, chargée d'analyser et de suivre les perspectives à moyen et long terme du système de retraite français.
Une option qui n’en est plus vraiment une, à lire le document adopté par les membres du COR ce jeudi. Si le texte définitif a été expurgé de quelques formulations contestées par les syndicats, et que le rapport précise que les simulations qui y sont présentées «ont une vocation pédagogique ; et qu’elles ne constituent en aucune manière des propositions de réforme», le message est limpide. Ainsi, «pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070», est-il indiqué. Une borne de 66,5 ans qui se situerait bien au-dessus de l’âge moyen de départ à la retraite projeté en 2070, de 64,6 ans.
Le déficit des retraites parti pour exploser d’ici 2070
Certes, d’autres options existent sur le papier. A commencer par la baisse relative des pensions, une alternative envisagée en février dernier par la Cour des comptes, qui jugeait qu’une sous-indexation aurait un impact «faible» sur l’économie. Une piste également évoquée dans le rapport du COR : «En agissant sur les seules pensions (pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070, NDLR), la pension moyenne relative devrait diminuer de 0,6 point en 2030 et de 4,5 points en 2070», calcule le Conseil. Mais, tout comme la hausse des cotisations, il s’agirait d’une mesure «recessive», qualifie le COR. La modération à la baisse des pensions, tout comme la hausse des prélèvements pour financer les retraites, serait en effet néfaste à l’économie française, la première diminuant le revenu des ménages, et donc la demande, la seconde augmentant le coût du travail, ce qui impacterait alors l’emploi et la croissance.
A lire le rapport du COR, la seule solution semble donc de relever, une nouvelle fois, l’âge légal de départ à la retraite. Et certainement pas de figer à 63 ans son augmentation prévue par la dernière réforme des retraites, une décision qui aurait un coût, à l’horizon 2035, de «5,8 milliards d’euros pour le seul système de retraite et de 7,2 milliards d’euros pour les autres recettes publiques», rappelle le Conseil, citant la Cour des comptes.
Au contraire, avec le scénario de référence retenu par le COR (chômage de 7%, croissance de la productivité horaire du travail de 0,7% par an, poursuite des gains d’espérance de vie, taux de fécondité de 1,8 enfant par femme, solde migratoire de 70 000 personnes par an), c’est bien un nouvel effort qu’il faudra consentir pour équilibrer les finances du système de retraite. Car selon Gilbert Cette, à législation identique et même en tenant compte de la dernière réforme des retraites, le déficit du système devrait flamber dans les prochaines décennies, passant de 0,2 point de produit intérieur brut (PIB), soit 6,6 milliards d’euros, en 2030, à 1,4 point de PIB en 2070. Une anticipation proche de celle de la Cour des comptes qui, en février dernier, tablait sur un déficit de 15 milliards d'euros en 2035 et de 30 milliards en 2045 pour notre système de retraite.
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