«Les retraités vont devoir prouver leur présence en France tous les 6 mois.» Ces derniers jours, de nombreux sites, comme Decontair-67.fr ou Beautycase.fr, ont affirmé que depuis le début de l’année, les retraités vivant à l’étranger seraient contraints de revenir régulièrement en France pour continuer à toucher leur pension. Une règle que déplorait, par exemple, Michel, retraité très certainement fictif, qui craignait de devoir «limiter ses séjours en Espagne» pour satisfaire cette prétendue obligation.

Mais que les retraités concernés se rassurent, c’est faux. Non, les retraités installés à l’étranger n’auront pas à se déplacer tous les six mois pour prouver qu’ils résident en France. Pour preuve, «les retraites françaises (personnelle ou de réversion) peuvent être perçues en vivant à l’étranger», nous confirme le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Sous réserve de fournir un certificat de vie chaque année». De quoi permettre à l’administration française de vous savoir bien vivant, et donc de limiter le versement de pensions à des personnes décédées – un problème qui représentait la majorité des 43 millions d’euros de pensions indûment versées en 2021, selon la Cour des comptes.

Comme Capital l’avait déjà rappelé il y a quelques mois, ce certificat de vie peut tout à fait être signé par les autorités locales de votre pays de résidence, comme l’ambassade française ou encore la mairie. Contrairement à ce qu’affirment ces sites Internet, vous n’avez donc pas à revenir en France pour faire valider ce certificat. La vraie nouveauté concerne uniquement les bénéficiaires de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées). Depuis le 1er janvier 2025, ces retraités doivent justifier d’une résidence en France au moins 9 mois par an, contre 6 mois jusqu’ici, pour continuer à percevoir cette aide.

Une montée en charge des fake news

Si ces titres alarmistes ont fait le tour du web, ce n’est pas tout à fait un hasard. Ces sites misent sur l’émotion pour attirer l'œil du lecteur, quitte à parfois tordre un peu (ou beaucoup) la vérité. Mais en y regardant de plus près, le vernis craque vite : dès le début de l’article de Decontair-67, un bandeau prévient que le «site repose sur des faits entièrement fictifs générés par intelligence artificielle. Aucun contenu ne doit être interprété comme réel ou véridique.» Voilà qui donne le ton.

Face à la multiplication de ces rumeurs, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) est récemment montée au créneau. «Depuis plusieurs mois, de nombreuses fausses informations circulent sur les droits à la retraite : promesses exagérées, interprétations erronées, discours alarmistes… », prévient l’Assurance retraite dans un communiqué publié le 22 juillet dernier. Elle appelle à la plus grande vigilance, en attendant une campagne d’information en bonne et due forme à la rentrée.