Le gouvernement garde le cap. Malgré l’opposition clairement affichée par de nombreux parlementaires, l'exécutif a bien décidé d’inscrire dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 le report de six mois de la revalorisation de la retraite de base. Ce n’est pas le 1er janvier prochain que les retraités, anciens salariés du privé ou fonctionnaires, devraient voir leur pension évoluer comme l’inflation, mais le 1er juillet. D’après les chiffres avancés, la hausse devrait être de 1,8%.

Si Michel Barnier tient à cette mesure, c’est avant tout pour des raisons économiques. Avec un déficit de la Sécurité sociale évalué à 18 milliards d’euros en 2024 et projeté à 15,7 milliards en 2025, le gouvernement martèle que faire des économies est une nécessité. L'objectif en 2025 est de réduire les dépenses de la Sécu de 5 milliards d’euros. Partant du principe que tout le monde doit prendre sa part dans ce serrage de ceinture, les retraités seront donc mis à contribution. D’après le chiffrage de l’exécutif, ce report de la revalorisation permettra d’économiser près de 4 milliards d’euros.

Les retraités mieux lotis que les salariés ?

Par ailleurs, la prévision d’inflation hors tabac en 2024 de 1,8%, d’après la note de conjoncture de l’Insee publiée ce jeudi 10 octobre, est inférieure aux 2% initialement projetés. Un écart de 0,2 point, confirmé par Laurent Saint-Martin, ministre délégué charge du Budget et des Comptes publics lors d'une conférence de presse présentant le budget, et qui permettrait aussi de limiter les dépenses. Si le report est acté et que l’inflation continue de refluer, alors la revalorisation annuelle en 2025 sera uniquement de 0,9 % (la moitié de 1,8% car elle sera appliquée en juillet) pour un coût qui tournerait autour de 2 milliards d’euros. Pour rappel, en 2024, la revalorisation de la retraite de base à hauteur de 5,3% avait coûté 14 milliards d'euros.

Sachant la mesure impopulaire, le gouvernement se justifie en rappelant que, depuis deux ans, les pensions ont progressé plus rapidement que les salaires. «Le salaire moyen par tête a augmenté de 3,5% en 2022 et de 4,4% en 2023, tandis que l’inflation sur laquelle les pensions sont indexées progressait de 5,3% et de 4,8%», chiffre l’exécutif.

Et pour appuyer encore les raisons de son choix, le gouvernement évoque le niveau de revenu disponible des ménages de plus de 65 ans. Il est quasiment égal à celui de l’ensemble de la population. «Dans ce contexte, il est nécessaire pour assurer la soutenabilité des dépenses de pension et possible désormais, du fait du recul de l’inflation, de modérer la progression des pensions», est-il écrit dans le projet de PLFSS.