Sans surprise, les sénateurs sont revenus, mardi 25 novembre, sur la suspension de la réforme des retraites de 2023. A 190 voix contre 108, les membres de la chambre haute du Parlement ont supprimé l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, qui met sur pause le relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite et de la durée d’assurance requise pour une retraite à taux plein. «Un acte de responsabilité politique», explique l’amendement du sénateur de l’Union centriste Olivier Henno (Nord) adopté au Palais du Luxembourg.

Une position en totale contradiction avec le vote des députés, le 12 novembre dernier, puisque les élus avaient adopté à 255 voix contre 146 la suspension de la réforme des retraites proposée par le gouvernement. Une mesure aboutissant à fixer à 62 ans et neuf mois l’âge légal de départ pour les générations nées en 1964, au lieu des 63 ans inscrits dans la réforme. Un départ possible trois mois plus tôt, voire six mois avant pour la cohorte née entre le 1er janvier et le 31 mars 1965, avec une borne également conservée à 62 ans et neuf mois, contre 63 ans et trois mois prévus dans la réforme.

L’Assemblée nationale aura le dernier mot

Et les sénateurs ne se sont pas contentés de revenir sur la suspension de la réforme, puisqu’ils ont par ailleurs adopté plusieurs amendements réinstaurant un gel des pensions en 2026. Une mesure, inscrite à l’origine dans le budget de la Sécu présenté au Parlement et supprimée dans l’Hémicycle à l’Assemblée nationale. Mais là encore, les sénateurs en ont décidé autrement, en adoptant l’amendement porté par Olivier Henno, à 198 voix contre 120, et le blocage des pensions de retraite dont le montant total excède 1 400 euros brut par mois. Et ce, alors que chaque année, les pensions sont revalorisées à hauteur de l’inflation hors tabac observée sur un an en novembre. Ainsi, au 1er janvier 2026, la hausse des prix entre la période novembre 2023-octobre 2024 et novembre 2024-octobre 2025, autour de 1%, aurait dû être retenue.

L’opposition est donc vive entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Dans ces conditions, les retraités doivent-ils craindre un gel de leur pension en 2026 et les actifs une augmentation de leur âge légal de départ l’an prochain ? Une partie de la réponse leur sera donnée ce mercredi 26 novembre. Une commission mixte paritaire (CMP) composée de sept députés et sept sénateurs doit en effet se réunir pour trouver un compromis sur le budget de la Sécu - et donc les mesures liées à la retraite. Un accord étant plus qu’improbable, la navette parlementaire devrait alors reprendre, et le texte être de retour en lecture à l’Assemblée nationale puis au Sénat. Et en fin de compte, «l'Assemblée aura le dernier mot, j'espère bien qu'il sera positif», a rappelé le ministre de l’Economie et des Finances, Roland Lescure, ce mercredi sur France Inter.

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