«Pour vivre riches, vivons vieux.» C’est par cette formule que le cabinet Asterès, spécialisé dans le conseil économique, titre une note sur le niveau de vie selon l’âge, publiée le lundi 7 octobre. Ce document met en lumière que d’une «manière générale, les conditions financières des ménages sont plus favorables pour les ménages retraités que pour le reste de la population». Pour appuyer ce propos, l’auteur de la note, Sylvain Bersinger, passe par plusieurs étapes.

Il montre d’abord que le revenu disponible des retraités est inférieur à celui des actifs. En s’appuyant sur les chiffres du Conseil d’orientation des retraites (Cor), il rappelle que celui des retraités représente 84,3% du niveau de vie moyen de l’ensemble des ménages, contre 113,2% pour les actifs. Mais si l’on prend en compte une autre donnée, l’écart a tendance à se resserrer. Ainsi en comparant le niveau de vie, c’est-à-dire le revenu disponible par rapport au nombre de personnes par ménages, celui des retraités représente 101,5% du niveau moyen de l’ensemble des ménages, contre 108,04% pour les actifs.

L’importance de l’immobilier sur le niveau de vie

Enfin, une dernière donnée retourne la situation en faveur des retraités : la prise en compte des loyers imputés, soit les loyers que devraient payer les propriétaires s’ils étaient locataires de leur logement, «c’est-à-dire en étant au plus près du vécu quotidien des ménages», est-il écrit dans la note. Avec cette donnée supplémentaire, le niveau de vie des retraités atteint 107,8% de celui de l’ensemble des ménages, contre 106% pour les actifs. Un constat qui est loin d’être une surprise puisque l’on sait que les retraités possèdent plus de patrimoine que le reste de la population. Alors que les plus de 60 ans sont plus de 62% à être propriétaires, ce chiffre dégringole à 17% chez les moins de 50 ans.

Au regard de ces chiffres, rien d’étonnant donc que le Premier ministre, Michel Barnier, souhaite faire participer les retraités à l’effort collectif pour redresser les finances du pays, en proposant de décaler de six mois la revalorisation de leur retraite de base. Pourtant cette analyse doit être nuancée. Dans son rapport annuel publié en juin dernier, le Cor avançait que les retraités seraient bientôt moins bien lotis que le reste de la population.

Depuis 2017, leur niveau de vie baisse par rapport à celui des actifs. Ce phénomène s’explique notamment par des mesures qui ont bénéficié aux ménages actifs comme «l’augmentation de la prise d’activité ou encore l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires», liste le Cor. Cette tendance devrait même s’amplifier dans les années à venir. Dans ces projections, le Conseil d’orientation des retraites estime en effet qu’en 2070, le niveau de vie relatif des retraités s’établirait à 83% de celui de l’ensemble de la population. Soit un niveau jamais connu depuis les années 1980.