Il y a quinze jours, Stellantis garantissait qu’il prendrait totalement en charge les dépenses d’entretien ou de réparation de ses moteurs PureTech défaillants. Et qu’il suffirait, pour se faire rembourser, que les propriétaires de modèles Peugeot, Citroën et autres, équipés de ces blocs propulsion trois-cylindres en version 1.0 ou 1.2 litre, s'inscrivent sur la nouvelle plateforme d’indemnisation dédiée. Alors que certains d’entre eux ont eu la désagréable surprise d’enchaîner les factures salées depuis leur achat, autant dire que l’attente était forte ! Mais quelle immense déception, dès lors, à l’inscription. D’abord parce qu’il y a des bugs informatiques, qui ralentissent le processus de remboursement. Mais aussi parce qu’une partie des demandes de dédommagement abouties, ont d’ores et déjà été refusées par le constructeur. Notamment parce que le dossier déposé ne remplissait pas une des conditions d’éligibilité. La liste est longue, comme l’ont découvert ces témoins, qui ont contacté Capital (leur prénom a été changé) et pour qui la réponse a été… non !

Ne pas être éligible au processus d’indemnisation de Stellantis

Premier cas : Hugo. Pour ce conducteur, père de trois enfants en bas âge et soucieux de rouler en made in France, le choix d’une Peugeot 5008 PureTech d’occasion, avec 100 000 kilomètres au compteur, semblait un bon compromis. Mais il lui est arrivé plusieurs mésaventures avec ce véhicule acheté en 2023, qui était pourtant sous garantie, vérifié et contrôlé, et dont la courroie de distribution avait été changée par les vendeurs. Le voyant moteur s’est ainsi allumé à plusieurs reprises dans l’année qui a suivi l’achat. Notre témoin a donc fait remplacer les bougies, puis les bobines, tout en se voyant refuser la place chez des réparateurs officiels de la marque. Jusqu’à apprendre que le moteur était irrécupérable. Déduction faite d’autres dépenses, qui lui ont heureusement déjà été remboursées, Hugo a finalement engagé plus de 450 euros de sa poche. Et s’attend d'ailleurs encore à payer d’autres frais, pour une voiture qui n’est finalement plus roulante. Il est désemparé car il affirme ne pas être éligible au processus d’indemnisation de Stellantis : les réparations ne correspondent pas aux périodes évoquées dans les conditions de remboursement. Et, pour ne rien arranger, elles n’ont pas été réalisées dans le réseau du constructeur. Eh oui, pas le droit de tomber en panne en vacances, et loin d’un réparateur Peugeot, c’est bien connu !

Mais ce n’est pas le seul motif de refus de prise en charge notifié par Stellantis. Ainsi, Martin est propriétaire d’une Peugeot 308 1.2 PureTech, qu’il a achetée d’occasion en 2020, et a subi l’année dernière une perte de puissance, accompagnée d’un message d'alerte "défaut pression moteur". Plusieurs garages lui confirment alors un problème de conception, à l’origine de cette défaillance. «J’ai besoin de mon véhicule pour aller travailler, donc je n’ai pas eu d’autre choix que de valider le devis de 1 457,44 euros…». Notre témoin vient d’apprendre que Stellantis ne prendra pas en charge ces frais, car il manque selon eux… une seule facture d’entretien, datant de 2023. D’autres de nos témoins se sont vus, de même, opposer un refus, à cause de dates, de factures manquantes ou de non-respect du carnet d’entretien…

Du côté de Victor, notre troisième témoin, cette plateforme était l'occasion de «récupérer enfin ses 1 464 euros de reste à charge», dans le cadre d’une casse moteur survenue en novembre 2022 sur son précédent véhicule, un Peugeot 2008 1,2 PureTech 110 ch. Il a donc rempli un dossier en ligne. Bien que remplissant tous les critères, et disposant de tous les papiers nécessaires, il ne se faire guère d’illusion, car il y a un bémol : «j'ai revendu le PureTech le lendemain de sa sortie du garage, heureusement pour moi d'ailleurs, n'ayant pas été pénalisé par une décote faramineuse comme beaucoup». Malin ! Mais il ne pense pas être éligible, et attend le verdict.

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Nous avons reçu aussi le témoignage d’un propriétaire de 208 1.2 PureTech achetée en juillet 2018 chez un concessionnaire Peugeot, qui se demande pourquoi une période est imposée alors que la performance des moteurs est incriminée depuis plusieurs années. Pour cette raison, il ne souhaite pas passer par la plateforme d’indemnisation, craignant en plus de voir son dossier refusé. Et préfère s’orienter vers une procédure judiciaire pénale contre Stellantis. Autrement dit prendre part à l’action collective initiée sur le site Myleo. «Cela va me prendre du temps et me coûter 279 euros pour l’inscription et 279 euros pour l’audience correctionnelle, mais j’ai davantage confiance en ce site que dans le site officiel de Stellantis…»