Les chefs d’Etat sont-ils mal payés ? La question avait été posée à Carlos Tavares sur LCI le 28 octobre dernier. Selon l’ancien PDG de Stellantis, «la société occidentale, et notamment européenne, souffre de la médiocrité grandissante de ses leaders politiques qui ne sont pas assez payés». Il évoquait alors le salaire d’Emmanuel Macron, «à peu près le salaire d’un bon ingénieur de Stellantis entre cinq et dix ans d’expérience», disait-il, laissant entendre que la somme avoisinait les 19 000 euros. Or, comme l’évoquait Capital, Emmanuel Macron a perçu 14 586,32 euros nets avant impôt en 2024.

Même en brut (un peu plus de 16 000 euros), cette somme est éloignée du chiffre avancé par Carlos Tavares. Mais surtout, ce syndicat a répondu à son ancien dirigeant. Dans un communiqué publié ce week-end et relayé par BFMTV, la CFE-CGC rappelle que «le salaire moyen d’un ingénieur chez Stellantis, avec 5 à 10 ans d’expérience, se situe entre 4 000 et 6 000 euros brut par mois, primes comprises, selon les données internes fiables de l’entreprise».

Propos de Carlos Tavares : de la «désinformation», selon la CFE-CGC

Cette somme serait trois à cinq fois moins élevée que celle touchée par le chef de l’Etat. Dans son communiqué, la CFE-CGC évoque ainsi «des propos totalement erronés et trompeurs» et même de la «désinformation». Alors qu’il s’exprimait également sur son salaire et les rémunérations perçues tout au long de son passage chez le constructeur européen (environ 80 millions d’euros), Carlos Tavares a suscité l’ire des salariés, souligne BFMTV.

D’après le syndicat de Stellantis, les déclarations de leur ancien PDG ont «profondément choqué et indigné les salariés, ingénieurs et cadres confondus, qui y voient une tentative inacceptable de travestir leur réalité professionnelle et de minimiser leurs efforts quotidiens». Plus globalement, la CFE-CGC «estime qu’en pleine crise politique et alors que la filière automobile traverse d’importantes difficultés industrielles et sociales, il est pour le moins immature et irresponsable d’utiliser de telles allégations fausses».

Le syndicat, qui dénonce également «un mélange des genres», décrit un Carlos Tavares qui «s’est mué en stratège visionnaire», et regrette enfin que ces propos «risquent d’alimenter la défiance et de fragiliser encore davantage le lien entre les salariés et leur entreprise». Au cours d’autres interviews, Carlos Tavares a reconnu «des erreurs» au cours de son passage chez Stellantis. Il a également clarifié les raisons de son départ.