
C’est les vacances et certains en profiteraient bien pour passer leur permis de conduire et prendre la route vers leur lieu de villégiature. Sauf qu’il va falloir s'accrocher pour ces candidats. Les autos-écoles et les organisations représentatives comme Mobilians (syndicat des services de l’automobile), Unidec (syndicat des autos-écoles) et Unic (Union nationale des indépendants de la conduite), sont à bout de nerf au vu de l’organisation du secteur en France. Soutenues par les réseaux ECF et CER, elles dénoncent même «une pénurie dramatique de places d’examen au permis de conduire» et «une situation critique impactant l’ensemble des 12 700 écoles de conduite en activité sur le territoire, ainsi que des centaines de milliers de candidats».
Voici le contexte : en 2024, l’État a octroyé 1,57 million de dates proposées en France et il en faudrait au moins 2,19 millions cette année pour faire face à l’augmentation du nombre de jeunes concernés, notamment en raison de la réforme abaissant l’âge du permis à 17 ans. En effet, l’an dernier, celle-ci a provoqué une vague d’inscriptions d’au moins 300 000 candidats supplémentaires venus s’ajouter aux 800 000 âgés de plus de 18 ans. Et cette année, l’afflux continue. Il faudrait aussi revoir le nombre d'inspecteurs en France, qui ne sont que 1 250, si on ne compte pas les personnes en congés ou en arrêt maladie…Ils ne sont pas toujours remplacés qui plus est, selon l’Unidec. Les demandes d'inscription au permis de conduire ont augmenté de 15% cette année, donc si on rapporte ce taux au nombre d’inspecteurs, il en faudrait au moins 200 de plus pour supporter cette évolution de candidats.
4 à 6 mois de délais pour passer son permis de conduire
Donc les calculs ne sont plus bons et les conséquences sont désastreuses pour tout le monde. Les délais d’attente pour une place d’examen au permis de conduire explosent, provoquant la hausse de la durée de formation à la conduite et donc une flambée des coûts. Contactée par nos soins, Christelle Oberholz, président de l’Unidec, explique que les délais d'attente pour obtenir une place d’examen pratique dépassent aujourd'hui les trois mois, alors que le Code de la route garantit un délai moyen qui ne doit pas excéder 45 jours pour chaque candidat entre deux dates d'examen. Pour Capital, Patrick Mirouse, président du groupe ECF, confirme même des délais pouvant s'étirer de 4 à 6 mois selon les départements. Ce qui est encore moins drôle, c’est la facture finale du permis de conduire. Car, faute de créneaux disponibles, certains élèves sont contraints de cumuler et de financer jusqu’à 37 heures de conduite ou même 60 heures dans certains départements pour se présenter une première fois à l’examen et autant en cas d’échec. «Soit vous vous entraînez à conduire en attendant une date d'examen et cela vous coûte plus cher, soit vous attendez mais vous loupez votre permis et cela se paie aussi. C’est la machine infernale, plus c’est long, plus c’est cher», alerte Patrick Mirouse. Ce dernier rappelle qu’en France, un candidat lâche de sa poche un Smic, soit environ 1 700 à 1 800 euros, pour passer son permis de conduire à coup d'une trentaine d’heures de leçons. Faute de disponibilités chez les inspecteurs et de dates, le permis peut alors coûter bien au-delà de 2 500 euros.
Ce qui bloque le système, c’est aussi le taux d'échec, car un candidat échoue en moyenne 1 fois sur deux au permis de conduire. Patrick Mirouse milite ainsi pour l’apprentissage progressif dès 14 ans, soit la conduite accompagnée ou la conduite supervisée pour éviter les lacunes à l’examen et les factures colossales. Ainsi, depuis plus d’un an, les professionnels de la conduite ont mis sur la table des propositions concrètes, issues de groupes de travail réunissant des centaines d’acteurs de terrain. Parmi elles : abaisser l’âge de l’apprentissage anticipé pour former plus progressivement, soit à 14 ans, rehausser le volume d’heures obligatoires avant examen pour mieux préparer les candidats, créer une attestation temporaire de circulation pour éviter les situations de blocage ou encore mettre en place un test préalable pour évaluer objectivement la préparation du candidat. Des propositions jugées immédiatement applicables… mais toujours sans réponse de l’État, qui ne semble pas entendre l’urgence.
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