Un financement vertueux sans creuser le déficit. Le gouvernement a trouvé la parade et change les règles du jeu en ce qui concerne les aides à l’achat de voitures électriques. D'ici quelques jours, le bonus écologique ne sera plus payé par les subventions publiques, mais par les fournisseurs d’énergie comme Engie par exemple, via les certificats d’économies d’énergie (CEE), et sera du coup un peu plus intéressant pour les Français. Révélée par le média Contexte qui a pu consulter le projet de décret, cette réforme doit être présentée lors du prochain Conseil supérieur de l'énergie (CSE) le 17 juin et le texte, s'il est adopté, s'appliquerait donc dès le 1er juillet 2025.

Pourquoi ce changement surprise ? Il vise à réduire la pression sur les finances publiques qui semblent déjà bien grignotées, tout en donnant un coup d’accélérateur au marché du véhicule propre. Et pour cause, les ventes de modèles électriques reculent de 7% depuis le début de l’année. L’urgence est de raviver l’intérêt avec une formule moins coûteuse pour tout le monde. Les certificats d'économies d'énergie demeurent des dispositifs basés sur le principe du pollueur-payeur qui oblige les fournisseurs d'énergie - les «obligés» - à financer des actions de réduction de la consommation d'énergie et d'amélioration de l'efficacité énergétique. Depuis le début de l’année 2025, il est étendu aux véhicules électriques chez certains constructeurs comme Renault. Voici donc ce qu’il va se passer.

Des aides à l’achat de voitures électriques en hausse pour tout le monde

Le passage d'un financement sur le budget de l'Etat aux CEE permettrait une hausse significative des montants alloués. Ce nouveau bonus écologique (le nom devrait disparaître) passerait ainsi à 200 euros de plus pour les ménages les plus modestes ou «en situation de précarité énergétique», et à plus de 1 000 euros pour les autres. Dans le détail, pour les foyers les plus pauvres (déciles 1 à 5 de revenu), l’aide grimperait de 4 000 à 4 200 euros, pour les ménages intermédiaires (déciles 6 à 8), elle atteindrait 4 200 euros, contre 3 000 euros auparavant, et enfin pour les plus aisés, la surprise est bonne puisqu’ils bénéficieront de 3 100 euros, quand ils n’avaient droit qu’à 2 000 euros auparavant. Cette revalorisation n’est pas anodine, les plus fortunés représentent une part importante du marché électrique.

Le revers d’une transition technique à gérer. Derrière cette réforme séduisante, les concessionnaires automobiles pointent une inquiétude : le passage au système des CEE pour les voitures particulières électriques n’est pas encore totalement rodé, tant il est récent dans le secteur. Les professionnels redoutent des frictions dans le parcours d’achat, faute de formation suffisante sur ce nouveau mode de financement. Serait-ce aussi une enveloppe (presque) sans limite ? Jusqu’à présent, le budget alloué au bonus écologique était plafonné. Une fois les crédits épuisés, l’aide s’arrêtait net. Avec les CEE, la logique change, plus d’enveloppe fermée, mais une capacité d’action liée aux moyens des «obligés» (EDF, Engie, TotalEnergies…). Autrement dit, une manne potentiellement plus large pour accélérer la transition électrique. Et la complexité pourrait s’accroître : dès septembre, le leasing social (voiture électrique à 100 euros par mois) sera lui aussi pris en charge par les CEE. Résultat : il faudra «massifier» un système encore peu maîtrisé sur le terrain.

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