
L'intelligence artificielle générale (AGI), capable de réfléchir, d'apprendre et de s'adapter à l'image du cerveau humain, pourrait bien devenir réalité avant la fin de la décennie. C'est en tout cas ce que croit Demis Hassabis, dirigeant de Google DeepMind. Après des années d'annonces prudentes, le ton du géant californien se fait désormais plus affirmatif : Gemini, son IA phare, serait proche d'atteindre ce seuil décisif, véritable Graal des chercheurs en IA.
Vers une intelligence artificielle générale dans la décennie ?
Selon une interview récente accordée au New York Times, Demis Hassabis estime que l'AGI se dessine clairement à l'horizon. Il évoque une échéance située dans une fourchette de "cinq à dix ans", notamment parce que Gemini et les systèmes actuels progressent à une vitesse fulgurante. Même son de cloche chez OpenAI, où Sam Altman avance lui aussi une fourchette de cinq ans pour l'émergence de cette technologie révolutionnaire.
Concrètement, cela signifierait le passage d'une intelligence artificielle spécialisée — aujourd'hui capable d'exceller dans un domaine précis comme les échecs ou la traduction automatique — à une intelligence artificielle dite générale, capable de raisonner et de s'adapter à toute situation. Une IA qui serait en mesure, par exemple, de formuler spontanément de nouvelles conjectures comme le ferait un mathématicien, une capacité encore impossible actuellement.
Deux défis majeurs à relever
Pour atteindre ce niveau, deux principaux défis techniques restent à résoudre, précise Hassabis. D'une part, améliorer la capacité des IA à générer de véritables nouveautés intellectuelles, au-delà de simples résolutions de problèmes connus. D'autre part, assurer une cohérence intellectuelle sans faille, difficile à prendre en défaut même par des experts aguerris. Si ces critères ne sont pas encore totalement remplis, Google avance à grands pas.
Lors de sa conférence annuelle Google I/O, la firme de Mountain View a mis en avant Gemini comme l'embryon de cette future superintelligence. Une IA "universelle", selon les termes d'Hassabis, capable non seulement de répondre aux questions les plus diverses mais aussi d'agir de manière autonome. "Ces systèmes vont profondément transformer la société. Ce qu’on vit aujourd’hui, c’est peut-être le début de l’ère des agents intelligents", selon lui.
Révolution sociétale et enjeux éthiques
Selon Hassabis, l'impact sociétal de cette avancée sera immense, allant bien au-delà des simples assistants personnels ou moteurs de recherche. L'AGI pourrait devenir un véritable socle technologique universel, capable de s'attaquer aux défis les plus complexes de notre époque, de la fusion nucléaire à la découverte de médicaments révolutionnaires. Une sorte de "cercle vertueux", chaque progrès dans un domaine enrichissant l'intelligence globale du système : "Quand on résout un problème dans un domaine, on peut réinjecter ces avancées dans le modèle général. C’est un cercle vertueux", avance le dirigeant de Google DeepMind.
Mais une telle révolution ne se fera pas sans heurts. Demis Hassabis insiste sur la nécessité d'une régulation internationale forte et concertée, à la hauteur des risques et des promesses immenses de l'AGI. Il évoque même un avenir d'"abondance radicale" où la généralisation de l'IA pourrait libérer les êtres humains en termes de temps, de ressources et de créativité. Le propos est toutefois nuancé en précisant que certaines dimensions comme les émotions ou la conscience profonde restent hors de portée des machines à moyen terme.
L'arrivée prochaine d'une IA générale — voire potentiellement consciente — pose également de lourdes questions éthiques et philosophiques quant à notre rapport à la technologie. Pour Google, l'enthousiasme de ce futur reste indissociable d'une responsabilité collective quant à l'encadrement d'une technologie qui pourrait profondément redéfinir la place de l'humain dans le monde.



















