J-4 avant l’ouverture du salon de l’Agriculture. Comme chaque année, et pendant une dizaine de jours, les Français vont pouvoir découvrir le savoir-faire, le terroir et le travail des éleveurs et des agriculteurs français. Mais en ce début de semaine, c’est un tout autre sujet qui fait parler de lui à l’Assemblée nationale, nous apprend La Dépêche. En effet, vendredi 14 février, le député LIOT de la deuxième circonscription du Gers et conseiller régional d’Occitanie, David Taupiac, s’est insurgé, car, selon lui, le foie gras a été banni des restaurants de l'hémicycle.

«J’ai fait mon enquête avec le personnel du restaurant, qui m’avait donné quelques pistes et m’avait dit qu’il avait l’interdiction de commander certains produits.» Parmi ces produits, il y aurait donc le foie gras, le magret ou encore le confit de canard. Pourquoi une telle décision ? Elle serait liée à la signature, par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, d’une charte avec l’association Welfarm. Celle-ci implique de bonnes pratiques en matière de restauration collective. Dans le viseur de l’association : des produits qui ne respecteraient pas «les fondamentaux du bien-être animal».

Le foie gras «pleinement accessible», selon Jean-René Cazeneuve

Parmi ces produits, figurent les chapons et AOP, les poulets et poulardes de Bresse et surtout ceux issus du gavage des canards et des oies. «Je souhaite que notre Assemblée, dans les prochains mois et dans les prochaines années, continue de jouer son rôle en matière de protection des animaux d’élevage», déclarait Yaël Braun-Pivet en janvier 2024. Mais est-ce vraiment le cas ? Collègue de David Taupiac, le député du Gers, Jean-René Cazeneuve, proche de Yaël Braun-Pivet, a dû publier un communiqué le 16 février dernier : «Non, le foie gras n’est pas interdit à l’Assemblée nationale. Oui c’est un emblème de notre gastronomie française.»

Selon lui, si le protocole a bien été signé en 2024, il ne «signifie en aucun cas une exclusion du foie gras ni d’aucun autre produit de nos terroirs» et ce dernier «demeure pleinement accessible» dans les restaurants de l’Assemblée. Interrogés par La Dépêche, de nombreux éleveurs des Hautes-Pyrénées sont en tout cas vent debout contre l’interdiction de leurs produits. Ils déplorent une «démarche néfaste», à l’image de Michel Dubosc, éleveur de canards et de poules gasconnes, délégué avicole à la chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées, aussi administrateur de la filière (Cifog). Selon lui, il s’agit du symbole de «l’emprise d’un lobby qui voudrait nous interdire la consommation de viande».

Le foie gras banni de nombreuses municipalités

Au-delà de l’Assemblée nationale, le sujet est devenu national. Depuis de nombreux mois, des municipalités, principalement écologistes, ont décidé de supprimer le foie gras du menu de leurs événements municipaux à la suite d’un appel de l’association PETA. C’est le cas à Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand, Lyon, Villeurbanne ou encore Grenoble. A Toulouse, ce n’est pas le cas. L’adjoint délégué au «bien manger» estime que ce produit «participe à l’identité de notre région» et surtout «fait vivre de nombreux exploitants agricoles» tout en générant «des emplois dans toute une filière». A l’Assemblée nationale, 2 000 repas sont servis par jour.