
Censé incarner le patriotisme industriel cher à Donald Trump, le Trump Phone T1, smartphone annoncé en grande pompe par Trump Mobile, promettait initialement une fabrication « 100 % américaine ». Vendu à 499 dollars, l'appareil arbore fièrement un design doré, un drapeau étoilé en façade et le célèbre slogan « Make America Great Again ». Mais alors qu'il n'est même pas encore sorti et que les premières livraisons viennent d'être retardées sur le site officiel, le mythe du smartphone totalement US s'effondre déjà comme un château de cartes, relèvent nos confrères de The Verge.
Derrière les promesses, un produit chinois ?
Selon plusieurs experts et observateurs, notamment l'analyste Max Weinbach, le Trump Phone T1 ne serait en réalité qu'un produit chinois rebadgé et légèrement modifié. L'appareil présenterait des similitudes troublantes avec le Wingtech Revvl 7 Pro 5G, fabriqué en Chine et vendu autour de 169 dollars sur certaines plateformes. Même taille d'écran, même capacité de batterie, même logiciel, mais un bloc photo différent si l'on en croit le visuel de Trump Mobile (à prendre avec des pincettes, étant donné qu'il s'agit de rendus numériques et que nous n'avons trouvé aucune preuve que qui que ce soit ait déjà vu le téléphone de ses yeux). D'autres smartphones chinois, comme le VTEX VK-N100U, affichent également des caractéristiques très proches du Trump mobile. Celui-ci est notamment commercialisé chez le fournisseur en gros Made in China.

Autre élément tendant à confirmer l'hypothèse d'un téléphone pas tout à fait 100% US : Trump Mobile a désormais modifié son discours. Exit la mention ostentatoire « MADE IN USA » initialement placardée sur son site web. La société préfère désormais communiquer prudemment sur un appareil « fièrement américain », conçu « avec les valeurs américaines en tête » et assemblé par des « mains américaines derrière chaque appareil ».
Le « Made in USA », un pari économiquement impossible
Sans surprise, l'hypothèse d'une fabrication américaine intégrale s'avère économiquement irréaliste à un tarif grand public aussi bas et à une telle vitesse. Todd Weaver, PDG de Purism – l'une des rares marques produisant réellement ses smartphones sur le sol américain, l'a expliqué lors d'une interview à CNN : "À moins que la famille Trump n’ait secrètement mis en place, au fil des années et à l’insu de tous, une opération de fabrication sécurisée, à l’intérieur du pays ou à proximité, il est tout simplement impossible de fournir ce qu’ils promettent", a-t-il déclaré.

En effet, fabriquer un smartphone entièrement aux USA implique des chaînes d'approvisionnement locales, y compris pour les composants électroniques. Or, aujourd'hui, même les géants comme Apple dépendent massivement de fournisseurs asiatiques pour leurs puces et composants clés. La promesse de Trump Mobile ne tenait donc pas debout : "Il n’y a en réalité que quatre ou cinq ODM (fabricants d’équipements d’origine) de smartphones capables de produire un appareil comme celui-ci (...) et ils sont tous basés en Chine", ajoute Max Weinbach.
Des caractéristiques techniques revues discrètement à la baisse
Comme si cela ne suffisait pas, d'autres incohérences apparaissent discrètement sur la fiche produit du Trump Phone. Initialement annoncé avec un écran de 6,78 pouces et 12 Go de RAM, l'appareil affiche désormais un écran réduit à 6,25 pouces et ne mentionne plus explicitement sa mémoire vive. La date de commercialisation, prévue pour septembre, a également été décalée à "plus tard dans l'année". La puce utilisée, élément le plus critique de l'appareil, n'est en outre mentionnée nulle part sur la fiche du téléphone. Autant d'indices laissant penser à un changement précipité de fournisseur ou même, plus gênant encore, à un produit aux contours très flous, voire inexistant (on se souvient du prétendu smartphone pliant d'Escobar Inc en 2020).
Alors que Donald Trump multiplie les pressions pour inciter les grandes firmes technologiques à relocaliser leur production sur le sol américain, le Trump Phone prend les allures d'un fiasco industriel et médiatique. Et la cerise sur le gâteau serait que le Trump Phone subisse les hausses de taxes douanières voulues par Trump lui-même sur les produits importés de Chine...



















