Pour en finir avec les crottes de chiens qui souillent les trottoirs, nos voisins espagnols n’y vont pas de main morte. Ils prélèvent l’ADN des toutous pour les ficher, en les associant au nom de leur maître. Ce qui permet, en cas d’excréments laissés à l’abandon, d’envoyer un échantillon à un laboratoire d’analyse génétique afin d’identifier le duo coupable, avec une amende à la clé. Comptez 250 euros de contredanse dans la ville de Xativa, une pionnière, près de Valence.
Depuis qu’elle a inventé ce fichage canin, il y a plus de dix ans, près de 80 communes espagnoles l’ont imitée. Et le procédé s’est exporté en Israël, aux Etats-Unis ou en Italie. Depuis plus d’un an, il inspire aussi Robert Ménard, le maire (DVD) de Béziers (34), qui le teste en centre-ville. «Au début de l’expérience, en octobre 2023, nous avions compté 1671 déjections dans le quartier. A la fin novembre 2024, nous n’en dénombrons plus que 436», résume Stéphanie Sandonato, directrice générale adjointe des services généraux, qui a mis en place cette police anticaca.
A Béziers, 1926 chiens fichés
Chaque mois, seulement une vingtaine d’étrons ramassés par ses gardes champêtres font l’objet d’une analyse ADN, croisée avec les gènes de 1926 cabots fichés. Lorsqu’une correspondance est établie, le propriétaire de Médor doit payer une amende de 122 euros, censée couvrir les frais de nettoyage comme de laboratoire (il faut compter 41 euros par test ADN).
Si les recoupements ne sont pas plus nombreux, c’est que, dans la plupart des cas, le roquet crapoteux ne figure pas dans le fichier, souvent parce que son propriétaire n’a pas daigné le soumettre au prélèvement biologique par salive (payant).
Pour justifier l’efficacité de son dispositif, la mairie met aussi en avant les 10500 autres contrôles, qui ont cette fois été opérés directement auprès des maîtres. Ceux qui promènent leur chien doivent en effet pouvoir présenter à tout moment la carte d’identification génétique de l’animal, preuve que leur boule de poils a bien été soumise à un prélèvement ADN. Et ce, sous peine d’une amende de 35 euros. Pour la mairie, les sanctions prononcées – 278, à ce jour – inciteraient de plus en plus de propriétaires à inscrire leur bête dans le fichier.
Aux USA, un drone ramasseur de crottes
L’expérience, qui devrait au moins être prolongée jusqu'à l’automne prochain, inspire déjà d’autres communes françaises, comme L’Escarène, près de Nice, et Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Alors qu’aux Etats-Unis les yeux sont braqués sur Poopcopter, un drone ramasseur de crottes qui vient d’être mis au point par un Géo Trouvetou du Minnesota. Doté de la vision artificielle, l’aéronef n’est encore qu’un prototype. Mais beaucoup parient déjà qu’il sera bientôt commercialisé à prix d’or, preuve que l’argent n’a pas d’odeur.
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