Le cri d’alerte est on ne peut plus sérieux. Invité au Sénat pour débattre de la taxation des entreprises, le vice-président de l’U2P, Laurent Munerot, a lancé un appel à l’aide aux sénateurs alors que son secteur souffre grandement de la concurrence chinoise. Celui qui est aussi prothésiste dentaire est apparu marqué au moment d’évoquer les chiffres de sa profession. «Je suis à bout. Je n’en peux plus. J’ai des entreprises qui craquent, qui arrêtent. On a perdu 800 entreprises en deux ans sur 3 800. On a perdu 3 000 salariés sur les 18 000 qu’on avait», a-t-il énuméré.

Pourquoi une telle aversion en seulement deux ans ? A cause de la concurrence venue de Chine, a expliqué le président du CNAMS et de l’Union nationale patronale des prothésistes dentaires. Citant les différentes règles et normes européennes, Laurent Munerot l’a assuré : «Mon métier est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire.» Et de s’agacer du peu de contrôle en Asie : «Par contre, on laisse entrer en Chine, sans aucune taxe, sans aucune règle, sans aucun contrôle.»

Vers la fin du métier de prothésiste dentaire ?

Selon lui, sur ces deux dernières années, les laboratoires français qui faisaient 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en importateur de prothèses «font aujourd’hui 50 millions. Ils ont augmenté de plus de deux fois leur chiffre d’affaires», a-t-il énuméré, avant de préciser : «Ils font plus de 8 millions de résultat net. C’est impossible pour nous.» Et de lancer un cri d’alarme : «Demain, soit je me transforme en entreprise d’importation, soit j’arrête ce métier.»

Si le numéro 2 de l’U2P a reconnu devant les sénateurs que son métier n’était «qu’une petite niche avec 1,5 milliard de chiffre d’affaires», et 15 000 salariés, il a trouvé très «dommage de se passer d’un savoir-faire, de quelque chose remboursé par la Sécu et les mutuelles». Surtout, pour lui, son métier est «l’exemple de ce qui se passe actuellement sur la concurrence déloyale», a-t-il mis en garde.

Le vice-président de l’U2P réclame un «renversement de cette situation»

Laurent Munerot a admis que d’autres secteurs étaient touchés, comme les taxis, concurrencés par Uber, «ça ne rapporte rien à la France», a-t-il lâché, réclamant un «renversement de cette situation». Il a enfin fait un appel du pied aux sénateurs, les seuls à pouvoir agir selon lui afin «d’apporter cette conscience-là» jugeant que ce n’était pas à l’Assemblée nationale, «en ce moment, qu’on l’aura».