
La prise de parole est forcément très attendue. Le président de la République Emmanuel Macron s'adressera aux Français ce soir à partir de 20 heures sur TF1, dans le cadre d’une interview au «format inédit». Le chef de l’Etat sera interrogé par plusieurs personnalités de la vie civile, dont la secrétaire nationale de la CGT Sophie Binet. Nul doute que le Président sera questionné à cette occasion sur le sujet de l’emploi, qui reste une préoccupation majeure des Français. Emmanuel Macron sera d'autant plus attendu sur cette thématique que la situation est particulièrement critique en ce début d’année 2025. Voici un panorama des sujets chauds du moment.
Le taux de chômage en hausse
Au premier trimestre 2025, la France a enregistré une nette augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. Selon les données de la Dares, le nombre d’inscrits en catégorie A (personnes sans emploi et en recherche active) a en effet progressé de 8,7%, atteignant 3,41 millions, soit 273 100 personnes supplémentaires en trois mois. Cette hausse est en partie attribuable à la réforme du revenu de solidarité active (RSA), entrée en vigueur en janvier, qui a entraîné l’inscription automatique de nombreux bénéficiaires à France Travail. Mais même en excluant «cet effet administratif», la hausse du chômage est estimée à 0,8% pour la catégorie A et 1,3% pour l’ensemble des catégories A, B et C. Parallèlement, l’Insee prévoit une remontée du taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), passant de 7,3% fin 2024 à 7,6% à la mi-2025, en raison d’une augmentation de la population active et d’une baisse attendue de l’emploi.
Les recrutements de cadres à l'arrêt
Selon une étude publiée par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) en février, la part des entreprises qui envisagent de recruter des cadres est en net recul en 2025, en raison notamment du contexte économique incertain. Seules 9% des entreprises toutes tailles confondues prévoient en effet de recruter un ou plusieurs cadres dans les trois prochains mois, soit un point de moins que l’année dernière à la même période. La situation est encore plus critique dans les grandes entreprises, dont les intentions d’embauches sur trois mois ont chuté de 9 points par rapport à l’année dernière. «Les incertitudes politiques, budgétaires et fiscales qui ont jalonné l’année 2024 ont clairement entravé la capacité des entreprises à se projeter», expliquait l’Apec en début d’année.
Les plans sociaux se multiplient
C’est le sujet brûlant qui inquiète l'exécutif. D’après les statistiques de la Dares, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) a flambé de 27% en 2024 par rapport à l’année précédente. Rien qu’au cours du troisième trimestre 2024, pas moins de 141 procédures ont été recensées par le ministère du Travail. Malheureusement, la situation devrait continuer de se dégrader en 2025 selon les syndicats. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, estimait le mois dernier sur BFM que «354 plans de licenciement sont en cours, soit 220 000 emplois directs ou indirects impactés», selon les remontées de ses adhérents. Symbole de cette multiplication des plans sociaux, l’entreprise de sidérurgie ArcelorMittal a récemment annoncé un projet de suppression de 636 postes, dont 194 sur le site de Florange (Moselle). Ce mardi, les sidérurgistes ont envahi les abords du siège d'ArcelorMittal à Paris afin d’interpeller la direction. Un dossier chaud sur lequel le président de la République pourrait être interrogé ce soir.
Les petits patrons inquiets
Michel Picon, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P, qui représente artisans, commerçants et professions libérales), a relevé en avril dernier lors d’une commission parlementaire que «600 entreprises qui ferment par semaine, qui entraînent 1 500 salariés à perdre leur activité, c'est évidemment très dommageable pour l'économie de notre pays». Et que «contrairement aux plans sociaux des grands groupes, ça ne fait pas le 20 heures». Emmanuel Macron lui donnera-t-il raison ? Réponse ce soir.



















