
C’était l’une des promesses majeures du candidat Macron lors de la campagne pour l’élection présidentielle en 2022. Le chef de l’Etat, avant d’être réélu en battant Marine Le Pen au second tour, s’était fixé comme objectif de ramener le taux de chômage sous la barre symbolique des 5%, ce qui correspond à la définition du plein emploi. Son ancien ministre de l’Economie Bruno le Maire s’était montré pour le moins sceptique en mars 2024 en déclarant «qu'on n'y arrivera pas». Mais qu’en est-il aujourd'hui ? L’objectif du plein emploi en 2027 est-il encore atteignable ?
Selon les dernières statistiques de l’Insee, publiées le 16 mai dernier, le taux de chômage atteignait 7,4% de la population active au premier trimestre 2025, un chiffre quasiment stable par rapport au dernier trimestre (+0,1%). Cela représente 2,4 millions de personnes à la recherche d’un emploi. «Après plusieurs années consécutives de baisse, le taux de chômage s’est globalement stabilisé en France depuis 2023, explique Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l’Insee. Lors du dernier point haut, à la mi-2015, le taux de chômage avait dépassé la barre des 10%.»
Les prévisions sont pessimistes
Si le taux de chômage a reculé de manière significative durant le premier quinquennat du Président Macron, l'objectif du plein emploi à l’horizon 2027 paraît déjà inatteignable. «D’après nos dernières prévisions, qui prennent en compte plusieurs éléments comme les prévisions de croissance, l’impact des politiques de l’emploi, ou encore les créations d’emplois, le taux de chômage devrait très légèrement augmenter dans les prochains mois pour atteindre 7,5% au premier trimestre 2026, poursuit Yves Jauneau. Le gap pour atteindre les 5% un an plus tard semble très important.»
La mission du Président Macron s'annonce d’autant plus ardue que la situation est particulièrement critique sur le front de l’emploi en 2025. Les recrutements de cadres sont par exemple à l'arrêt : selon une étude publiée en février par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), la part des entreprises qui envisagent d’engager des cadres est en net recul en 2025, en raison notamment du contexte économique incertain. Seules 9% des entreprises toutes tailles confondues prévoient en effet d’en recruter un ou plusieur dans les trois prochains mois, soit un point de moins que l’année dernière à la même période.
Autre sujet brûlant qui inquiète l'exécutif : le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui a flambé de 27% en 2024 par rapport à l’année précédente, d’après les statistiques de la Dares. Rien qu’au cours du troisième trimestre 2024, pas moins de 141 procédures ont été recensées par le ministère du Travail. Et malheureusement, la situation devrait continuer de se dégrader en 2025 selon les syndicats. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, estimait le mois dernier sur BFM que «354 plans de licenciement sont en cours, soit 220 000 emplois directs ou indirects impactés», selon les remontées de ses adhérents.



















