Après deux années marquées par une inflation galopante, les salariés français du privé ont vu leur salaire progresser de manière spectaculaire en 2024. Selon une note publiée vendredi 21 mars par la Dares, le service statistique du ministère du Travail, l’indice du salaire de base (SMB) de l’ensemble des salariés du secteur privé a augmenté de 2,8% sur un an à la fin du mois de décembre 2024, après une progression de +0,4% au quatrième trimestre 2024. A noter que seul le salaire annuel de base est pris en compte dans le SMB puisque les primes ainsi que les heures supplémentaires ne sont pas prises en compte dans cet indice.

Cette hausse moyenne des salaires du privé est d’autant plus spectaculaire qu’elle est plus de deux fois supérieure à au niveau de l'inflation durant la même période. Selon l’Insee, les prix à la consommation hors tabac ont en effet augmenté de 1,2% entre les mois de décembre 2023 et décembre 2024. L’évolution de l’indice du salaire de base en euros constants (corrigés de l’inflation) atteint quant à elle +1,6% sur la même période.

Forcément, ces augmentations de salaires sont hétérogènes selon les secteurs d’activité. Sur un an, les salaires des employés du privé ont ainsi augmenté de 2,7% dans le tertiaire, de 3,3% dans l’industrie et de 2,5% dans la construction. En ce qui concerne les catégories socio-professionnelles, ce sont les ouvriers qui sont les mieux lotis avec une augmentation moyenne des salaires qui atteint 3,1% sur les 12 derniers mois, en décembre 2024. Les professions intermédiaires et les cadres ont quant à eux vu leurs salaires progresser respectivement de 2,7% et 2,6% sur un an. En euros constants, les ouvriers ont en revanche augmenté de 1,9% sur un an en moyenne en décembre 2024, les professions intermédiaires de 1,5% et les cadres de 1,4%.

Des augmentations moins élevées en 2025

Malheureusement pour les salariés du privé, les rémunérations devraient progresser à un rythme moins soutenu en 2025. Selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, publiée la semaine dernière, l’indice du salaire de base devrait en effet augmenter de 0,5% au premier trimestre 2025, soit un «un rythme bien inférieur à celui des premiers trimestres de 2023 et 2024». Ce ralentissement de la progression moyenne des salaires s’explique notamment par l'anticipation de la hausse du Smic au 1er novembre 2024, alors que le salaire minimum est habituellement rehaussé le 1er janvier, sur la base de l’inflation.

A noter que la plupart des cabinets de recrutement anticipent également une progression moins rapide des salaires en 2025. Selon l’étude menée par le cabinet WTW auprès de 1 000 entreprises françaises réparties sur six secteurs clés – vente, énergie, finance, industrie, tech et médias, et pharmacie –, le budget consacré aux augmentations atteindra 3,5% en médiane cette année. Un chiffre en léger recul par rapport à 2023 (+3,8%) et 2024 (+4%). Selon les prévisions dévoilées par le cabinet de recrutement LHH, dans le cadre de son Observatoire annuel de la rémunération, le taux médian des hausses de salaires, générales et individuelles confondues, va se limiter à 2,5% en 2025. A titre de comparaison, ce chiffre s'élevait à 3,5% en 2024 et 4,75% en 2023. «Il s’agit d’un retour à la normale, après une année 2023 marquée par une forte inflation, qui a eu pour effet de tirer les salaires vers le haut», a expliqué Delphine Landeroin, directrice de projet pour le cabinet LHH.