Cela faisait 25 ans qu'un tel événement n'avait pas eu lieu en France. Notre pays s'apprête, ce vendredi 20 décembre, à connecter son 57ème réacteur nucléaire : l'EPR de Flamanville. On appelle cette étape «le couplage». Concrètement, il va injecter dans le réseau électrique ses premiers électrons et faire passer de 60 à 63 gigawatts la puissance du parc nucléaire de notre territoire.

Mais Flamanville 3 n'atteindra pas immédiatement le maximum de ses capacités. Le réacteur va passer progressivement plusieurs paliers jusqu'à l'été 2025 qui marquera la fin de la phase d'essais. Il pourra alors fonctionner à 100% de sa puissance, soit 1600 mégawatts. Un premier arrêt programmé interviendra ensuite, probablement en 2026, afin de recharger le combustible et procéder à une visite complète de l'installation par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Nous avions eu l'opportunité de visiter le site au coeur de l'été, peu de temps avant que la réaction nucléaire ne débute. Récit.

Dans les coulisses des derniers préparatifs

C’est une parenthèse de soleil entre deux jours pluvieux. Depuis le port de Diélette, des adolescentes en profitent pour plonger dans l’eau froide de la Manche, tandis qu’au loin des catamarans s’élancent vers les îles Anglo-Normandes. Dans cette banale scène d’été, un détail détonne pourtant: sur la promenade face à la mer, ce ne sont pas de paisibles touristes qui déambulent en ce mois de juillet, mais un groupe de travailleurs venus respirer les embruns le temps d’une pause sandwich, tout en profitant de la vue imprenable sur cette côte sauvage et reculée. Ils sont faciles à repérer, avec leur veste floquée aux couleurs du constructeur de réacteurs Framatome ou de l’énergéticien EDF. Pour eux, l’endroit n’est d’ailleurs pas ce «bout du monde», comme aiment à le désigner les habitants de la presqu’île. Mais plutôt le cœur de l’industrie nucléaire française.

En face, plus au nord, c'est La Hague avec les installations de traitement des combustibles d'Orano. A une vingtaine de kilomètres à l’ouest, le port militaire de Cherbourg abrite les sous-marins à propulsion nucléaire de Naval Group. Et tout près de nous, à seulement deux kilomètres en surplomb du port de Diélette, se niche le site de Flamanville, presque collé aux petites maisons en pierre du charmant village du même nom. Flamanville, ce sont trois centrales nucléaires, encaissées au pied d’une falaise de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Une paroi que l’Etat n’avait pas hésité à creuser à l’explosif, à la fin des années 1970, pour effacer les traces d’une ancienne mine sous-marine de fer, et laisser place aux deux premiers réacteurs. Aujourd’hui, ces installations font presque corps avec le paysage et leur leur dôme a bruni. Le contraste est frappant avec le béton encore blanc de Flamanville 3, cette centrale de nouvelle génération, de type EPR. Sa mise en service officielle a débuté le 7 mai dernier, grâce au feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Flamanville compte désormais trois réacteurs nucléaires en fonctionnement.
Flamanville compte désormais trois réacteurs nucléaires en fonctionnement. © Manolo Mylonas pour Capital

Même un crash d'avion ne pourrait détruire la triple paroi du réacteur

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