7 minutes pour dérober 8 joyaux de la couronne de France. C’est ce qu’il aura fallu aux quatre braqueurs du musée du Louvre qui ont pénétré dimanche 19 octobre, vers 9h30, dans la galerie d’Apollon. Elle abrite 800 pièces dont le diadème de l’impératrice Eugénie, qui compte près de 2 000 diamants, ou encore une parure de bijoux ayant appartenu à la mère de Napoléon III, Hortense de Beauharnais, qui ont, depuis, disparu. Lundi, le musée du Louvre est resté fermé.

Ce vol spectaculaire a rouvert le débat autour de la sécurité des musées français dont le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a reconnu la «grande vulnérabilité». Son collègue à la Justice, Gérald Darmanin, a déploré un vol «rocambolesque», qui donne «une image déplorable de la France». «Nous avons failli», a constaté le garde des Sceaux. Pour le président de la République, «le vol commis au Louvre est une atteinte à un patrimoine que nous chérissons car il est notre Histoire», a-t-il réagi sur X.

Les salariés du musée du Louvre avaient déjà alerté sur le manque de personnel

Parmi les appels à davantage de sécurité, le sénateur de Paris et porte-parole du Parti communiste, Ian Brossat, a rappelé sur franceinfo, dimanche, que les salariés du musée «avaient tiré la sonnette d’alarme» en juin dernier. Lors d’une grève, le personnel du plus grand musée du monde avait dénoncé la surfréquentation du Louvres, qui accueille 9 millions de visiteurs par an, ainsi que le manque de personnel pour assurer la sécurité du lieu. Selon les syndicats, près de 200 emplois ont été supprimés en 15 ans. Désormais, le musée compte 2 200 agents, dont 1 285 dédiés à la surveillance selon Le Figaro, pour un budget annuel de fonctionnement de 323 millions d’euros.

«Pourquoi leurs alertes n’ont pas été entendues par la ministre ?» de la Culture, a interrogé le sénateur Ian Brossat. L’intéressée, Rachida Dati, n’a pas tardé à répondre. Elle a déclaré, lundi, sur le plateau de Cnews : «Le sujet des musées et leur vulnérabilité est un sujet ancien. Pendant 40 ans, on ne s’est pas intéressés à la sécurisation de ces grands musées.» «La présidente du musée du Louvre avait saisi le préfet de police il y a deux ans pour un audit de sécurité», a-t-elle assuré.

Les syndicats CFDT-Culture et SUD-Culture ont pris la parole dans un communiqué publié dimanche dénonçant les sous-effectifs au Louvre : «Alors que les budgets et effectifs ont été systématiquement fléchés vers des activités annexes mais plus valorisantes dans les dîners en ville (soirées de gala, visites VIP…), la destruction des emplois dédiés à la sécurité et l’absence de financement en temps voulu des équipements techniques ont eu la conséquence que l’ensemble des professionnels de l’établissement redoutait.»

La Cour des comptes sévère sur le manque de caméras de surveillance au sein du Louvre

Plusieurs médias, dont Le Figaro et franceinfo, ont pu consulter un rapport de la Cour des comptes sur la gestion du Louvre, qui devrait être publié en décembre. Ce dernier fait était des retards «considérables» et «persistants» concernant la mise aux normes du dispositif technique du musée de 73 000 m2. Alors que les espaces d’expositions temporaires sont couverts à 100% en caméras de surveillance, 60% des salles de l’aile Sully et 75% de l’aile Richelieu ne sont pas équipées. Selon la Cour des comptes, malgré un budget conséquent, «les montants engagés sont de faible ampleur au regard des besoins estimés». En cinq ans, seulement 138 nouvelles caméras de surveillance ont été installées.

D’après le ministère de la Culture, les alarmes, situées sur la fenêtre extérieure de la galerie ainsi que sur les deux vitrines haute sécurité, se sont déclenchées. Elles «étaient en fonctionnement» et le poste de sécurité «en a été destinataire», a assuré Laure Beccuau, procureure de Paris, rapporte l’AFP. Il «reste la question de savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes» et de déterminer si elles ont bien «sonné» dans la pièce, objet du vol. «Des mesures de sécurisation sont intégrées dans le nouveau grand projet du musée du Louvre», a certifié dimanche de son côté la ministre de la Culture, Rachida Dati, ajoutant qu’un nouveau «schéma directeur de la sécurité» serait mis en place.

En janvier 2025, Emmanuel Macron a annoncé le lancement du projet intitulé «Louvre Nouvelle Renaissance». Celui-ci prévoit la création d’une nouvelle entrée et d’un écrin réservé à La Joconde, qui attire environ 20 000 visiteurs par jour. Le coût de ces travaux est évalué entre 700 et 800 millions d’euros. Le président de la République a assuré, dimanche soir, que ce projet prévoyait bien «un renforcement de la sécurité». «Il sera le garant de la préservation et de la protection de ce qui constitue notre mémoire et notre culture», a assuré le chef de l’Etat.