
Palerme, Héraklion ou Palma de Majorque : à l’aéroport de Deauville, les Normands ont désormais le choix pour leurs vacances. Dans le plus petit aérogare français, qui avait frôlé la faillite il y a cinq ans, une compagnie espagnole à bas coûts a en effet trouvé sa place depuis peu. Son nom ? Volotea, créée voici douze ans par Carlos Munoz et Lazaro Ros, ceux-là mêmes qui avaient précédemment lancé un autre transporteur low-cost, Vueling. Et si Deauville a vu son trafic redécoller, pour passer de 11 000 à 79 000 passagers entre 2020 et 2024, c’est largement grâce à cette compagnie, qui privilégie les liaisons interrégionales européennes.
«Même si nous sommes présents à Paris-Orly, nous n’y proposons que 700 000 places, sur les 8 millions de sièges disponibles au total en France en 2025. Avec nos 23 Airbus basés dans le pays, et les 22 aéroports français connectés à notre réseau, nous assurons 270 routes au départ ou à destination de l’Hexagone, dont la moitié en exclusivité», détaille Gilles Gosselin, le directeur France de Volotea. La compagnie, qui emploie 825 personnes en France, dont des pilotes et du personnel navigant, mais aussi des agents d’escale, a déjà ouvert une dizaine de bases aux quatre coins de la province (Nantes, Strasbourg, Toulouse, Marseille, Lyon…). Jusqu’à Rodez même, sa dernière installation, d’où l’on pourra décoller tout l’été vers les Baléares, avant que la liaison ne ferme à l’hiver.
Volotea assure environ 250 liaisons quotidiennes en Europe
Encore loin des leaders européens Ryanair et easyJet (avec respectivement 3500 et 1760 vols par jour), Volotea assure environ 250 liaisons quotidiennes, selon les données d’Eurocontrol. Une activité aux deux tiers réalisée lors de la période estivale. «Nous équilibrons notre programme de vols entre les destinations loisirs vers l’Europe du Sud et les destinations transversales en France qui ont pu être abandonnées par le transporteur historique (Air France via sa marque Hop!, NDLR). Nous voulons être l’outil de connectivité des petites et moyennes villes», ajoute Gilles Gosselin.
Sur les petits aéroports où elle opère toute l’année, la jeune pousse s’est ainsi débrouillée pour récupérer les liaisons Strasbourg-Berlin, Paris-Corse, ou Paris-Tarbes, qui constituent autant de délégations de service de public, assorties de juteuses subventions. Elle capte aussi la clientèle d’affaires, qui raffole de ses lignes régulières comme Nantes-Montpellier (un vol quotidien) ou Lille-Toulouse (six liaisons par semaine). Son volume d’heures de vol supérieur à la concurrence lui permet d’afficher des tarifs au plancher, à partir de 40 euros sans option ni bagage. Et donc de séduire également les touristes, de retour après la pandémie.
La France, premier marché de Volotea
«La demande est croissante. Il y a encore beaucoup de potentiel vers l’Espagne, l’Italie et tout ce qui est insulaire. Nous développons aussi des routes vers l’Europe du Nord (Norvège, Danemark…), été comme hiver, car ce sont de nouvelles destinations qu’apprécient les Français», poursuit le directeur.
Alors que la France, devenue son premier marché, pèse 60% de l’activité, la compagnie vient de boucler une excellente année 2024, avec un chiffre d’affaires global en hausse de 17%, à 811 millions d’euros. Le transporteur est même devenu le premier opérateur du pays en nombre de lignes domestiques, devant Air France et sa filiale Transavia, qui se désengagent du segment.
Dans une industrie où les compagnies misent sur les volumes, et ne gagnent souvent de l’argent qu’avec les ventes annexes au billet (frais de bagages, repas, services), Volotea affiche une jolie marge de 4,3%. «Nos avions sont remplis entre 92 et 94%, ce qui est très élevé», se félicite le dirigeant. Alors que le transporteur au damier rouge et blanc a fait voyager 7 millions de personnes en 2024, soit plus du double par rapport à 2019, les habitants des petites villes n’ont pas fini de faire leurs bagages !
- Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
- Le magazine en version numérique
- Navigation sans publicité
- Sans engagement

















