Et maintenant, héros de biopic ! A bientôt 88 ans, l’infatigable businessman bordelais Bernard Magrez occupe l’affiche d’un documentaire qui devrait être diffusé sur les canaux de l’américain Amazon Prime juste avant le salon Wine Paris & Vinexpo Paris, du 12 au 14 février. Eric Nebot, le producteur du film à la tête de la société Ratatouille, ne pouvait rêver meilleure fenêtre de tir que ce raout international de la planète des vins et spiritueux, une sorte de Festival de Cannes des belles bouteilles. Logique, dès lors, qu’il entretienne le plus grand mystère sur son contenu, d’abord annoncé sur Netflix. «Ils m’ont filmé partout pendant deux ans, mais je n’ai pas eu droit de le voir avant diffusion», s’amusait avant Noël le milliardaire, à qui le titre n’avait pas non plus été communiqué.

Bernard Magrez, bosseur invétéré et premier propriétaire de grands crus à Bordeaux

Certes, ces petites cachotteries ont de quoi énerver la plus atypique des «fortunes» du Sud-Ouest – l’homme émarge à la quatre-vingtième place de notre classement des «100 Français les plus riches», avec 1,5 milliard d’euros au compteur. Reste que l’événement constitue une sacrée reconnaissance pour celui qui, avec 422 hectares classés, est devenu le premier propriétaire de grands crus à Bordeaux. Et qui reste aussi le plus ancien des big boss en activité, à ce jour encore seul président du groupe portant son nom. Un tenace, bougon au dernier degré, qui affirme, tel un Molière du business, ne pas désirer autre chose que «disparaître sur scène», celle des affaires, bien sûr.

Ce fils de petit artisan bordelais pourrait-il d’ailleurs dire autre chose ? Car ce fil rouge du travailleur acharné, voilà des lustres qu’il l’expose invariablement à tous ses visiteurs, que ce soit dans son bureau de Château Pape Clément, QG baroque de Pessac, aux portes de Bordeaux, ou dans un de ses points de chute parisiens favoris, comme le Plaza Athénée. «Je suis né en mars 1936, au moment du Front populaire», démarre ce fada du boulot, peu porté sur les congés payés. Sa vie de boss est inchangée depuis les années 1950 : levé avant 6 heures 7 jours sur 7. Gymnastique tous les matins à 6 h 30 (maintenant qu’il est riche, il se paie un coach). Au bureau de 7 h 30 à 20 heures, il enchaîne les rendez-vous toutes les heures. Et ne prévoit qu’une «gamelle» pour déjeuner, sauf quand il reçoit pour faire goûter ses vins, ce qui arrive souvent. Jamais de café, peu d’alcool, pas vraiment de vacances, et encore moins de week-ends, mis à profit pour peaufiner ses dossiers. Pas d’histoire de jupons, pas vraiment le genre.

La suite est réservée aux abonnés
Abonnez-vous à Capital à partir de 1€ le premier mois
  • Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
  • Le magazine en version numérique
  • Navigation sans publicité
  • Sans engagement