Depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine (en février 2022), en Bourse, les petites et moyennes valeurs françaises et européennes (actions des sociétés cotées de petite ou moyenne capitalisation boursière, c’est-à-dire de valeur en Bourse relativement modeste) n’ont pas vraiment tenu la comparaison vis-à-vis du CAC 40, qui a connu un bien meilleur parcours sur la période. Comment l’expliquer ? Tour d’horizon avec Louis de Fels, directeur général de la société de gestion Gay-Lussac Gestion, interrogé par Capital.

Alors que les grandes valeurs (du CAC 40, du DAX, etc.) sont «relativement exposées à l’économie mondiale et au marché américain (qui ont relativement mieux résisté aux contrecoups de la guerre en Ukraine), les petites et moyennes valeurs françaises et européennes sont relativement plus exposées à l’économie domestique» (c’est-à-dire l’Hexagone et l’économie européenne, l’Allemagne ayant été particulièrement touchée par les retombées du conflit Russie-Ukraine, notamment sur le gaz), qui a le plus souffert de l’impact de la guerre en Ukraine, explique l’expert.

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En Bourse, les petites et moyennes valeurs ont subi d’importants flux sortants, moins que sur le CAC 40

En zone euro, «la montée des taux d’intérêt (survenue dès 2022, dans le sillage de l’envolée de l’inflation, exacerbée entre autres par les retombées de la guerre en Ukraine, NDLR) a particulièrement affecté le financement des valeurs locales (et donc les petites et moyennes valeurs, NDLR)», fait en outre valoir Louis de Fels. En Bourse, les petites et moyennes valeurs, «traditionnellement moins agiles en période de récession», ont fait les frais de la croissance économique molle régnant en Europe ces dernières années (l’économie allemande ayant même connu une longue légère récession) et ont logiquement davantage fait l’objet de flux sortants (c’est-à-dire de ventes) de la part des investisseurs en actions, souligne le gérant.

Enfin, contrairement aux actions des 7 Magnifiques (les géants américains de la high-tech) et à d’autres grandes valeurs de la cote ayant largement pu profiter des espoirs massifs suscités par l’essor de l’intelligence artificielle générative depuis fin 2022, les petites et moyennes valeurs, largement moins exposées à cette thématique très porteuse des dernières années, ont logiquement sous-performé vis-à-vis des grandes valeurs, souligne Louis de Fels. Qu’on en juge : en l’espace de trois ans, le Nasdaq 100 s’est envolé de 30% (malgré le sévère coup de torchon récent) et le CAC 40 de 17%, tandis que l’indice actions des petites et moyennes valeurs françaises (indice CAC Mid and Small) a chuté de 11% !

En Bourse, les petites et moyennes valeurs ont atteint des niveaux de décote excessive vis-à-vis des grandes valeurs et pourraient tenter de rattraper leur retard

En Bourse, début mars, les petites et moyennes valeurs étaient historiquement décotées vis-à-vis des grandes valeurs, avec une décote de 35% sur la base du multiple de valorisation P/B (la capitalisation boursière rapportée aux fonds propres, une des jauges traditionnelles d’appréciation du degré de cherté d’une action), soit une décote encore plus importante que celle accusée pendant la crise de 2008. Et si on prend le PER (price earning ratio, capitalisation boursière rapportée aux bénéfices estimés sur 12 mois), la décote des petites et moyennes valeurs vis-à-vis des grandes valeurs atteint 20%, alors qu’historiquement, elles bénéficient au contraire d’une prime de 20%, du fait d’un rythme de croissance des bénéfices plus soutenu (sur longue période) que celui des grandes valeurs, rapporte Gay Lussac Gestion. D’où l’idée qu’il y a actuellement de bons points d’entrée sur les petites et moyennes valeurs, en termes relatifs, par rapport aux grandes valeurs.

Certains catalyseurs pourraient favoriser une surperformance des petites et moyennes valeurs par rapport au CAC 40

En Bourse, quels catalyseurs pourraient favoriser désormais un meilleur parcours des petites et moyennes valeurs par rapport à celui du CAC 40 ? Sur le front des perspectives de croissance, alors que l’étoile de l’économie américaine pâlit, la croissance européenne devrait profiter des méga-plans d’investissements allemand et européen dans la défense et les infrastructures ainsi que d’une possible fin de la guerre en Ukraine, fait valoir la société de gestion. Or, les petites et moyennes valeurs étant davantage exposées à la croissance économique européenne (leurs activités étant plus locales, moins internationales) que les grandes valeurs (CAC 40, DAX…), elles devraient davantage profiter de la meilleure santé relative de l’Europe.

Le plan de relance allemand dopera un peu la croissance cette année mais surtout en 2026. A moyen terme, Gay Lussac Gestion s’attend à un rebond de la croissance économique européenne. Une perspective qui se traduit par un très fort potentiel de rebond des bénéfices par action des petites et moyennes valeurs. Déjà, la société de gestion observe que les grandes valeurs particulièrement exposées à l’économie américaine (les géants du luxe du CAC 40, etc.) souffrent en Bourse (à l’instar de l’action LVMH, proche de ses planchers des dernières années), alors que les valeurs très exposées à l’économie européenne (comme les banques françaises du CAC 40, par exemple) ont nettement tiré leur épingle du jeu, et devraient continuer à le faire. Ces derniers mois, les lecteurs de Momentum, la lettre d’investissement premium quotidienne de Capital, ont pu réaliser des gains massifs sur les actions des banques du CAC 40 (entre autres), achetées (et parfois revendues) à de bons timings. En optant pour un abonnement annuel, 5 mois sont offerts. Pour en profiter, il suffit de cliquer sur le lien inséré ci-après.