
Ils sont nombreux à se bousculer au portillon pour se faire une place dans le Tunnel sous la Manche. Le groupe britannique Virgin a annoncé au printemps dernier son intention de concurrencer Eurostar alors qu’il a déjà exploité des trains interurbains en Grande-Bretagne. Mais ce n’est pas le seul. Via sa filiale Trenitalia, le groupe Ferrovie dello Stato Italiane s’est également positionné sur la liaison ferroviaire entre Paris et Londres, tout comme Gemini Trains qui compte exploiter dès 2029 des trains sous la marque «Uber Trains», en partenariat avec la célèbre plateforme américaine. Il faut y ajouter le consortium Evolyn piloté par Mobico, la start-up néerlandaise Heuro ou encore la Renfe.
Au total, ils sont donc six à vouloir jouer un rôle prépondérant dans le Tunnel sous la Manche. Raison pour laquelle Eurostar a décidé de réagir, a appris BFMTV. Du côté de l’entreprise ferroviaire franco-britannique, officiellement, la concurrence ne fait pas peur. «Nous sommes sereins face à ces concurrents potentiels. Nous avons d’ailleurs toujours eu des concurrents sur nos routes avec l’aérien», a expliqué à Voyages d'affaires.com la PDG d’Eurostar, Gwendoline Cazenave. Cette dernière souhaite seulement que cela se fasse «dans le respect d’un cadre légal».
50 trains commandés pour deux milliards d’euros
En attendant, Eurostar ne veut pas prendre de retard et se prépare à la possible arrivée de ces nouveaux acteurs et va acquérir notamment 50 trains d’ici 2030 pour un coût total de deux milliards d’euros. Au total, la société ferroviaire disposera de 97 trains, soit 30% de plus par rapport à aujourd’hui. «Ces futurs trains qui seront interopérables sur nos deux réseaux, transmanche et continental, doivent permettre à Eurostar de faire face à la croissance du marché envisagée», détaille la PDG du groupe.
Plus globalement, Eurostar veut «monter en puissance» et multiplier ses liaisons alors que celle reliant Londres à Amsterdam est désormais dotée de quatre allers-retours quotidiens depuis le mois de septembre. Ce sera bientôt cinq allers-retours dès la mi-décembre. «Nous souhaitons également renforcer les fréquences sur Paris-Londres afin d’accroître le trafic de deux millions de passagers par an sur cet axe», ajoute auprès de nos confrères Gwendoline Cazenave.
30 millions de passagers d’ici 2030 ?
Mais évidemment, pour faire face aux nouveaux acteurs, il faudra de nouvelles liaisons. D’ici 2030, Eurostar compte lancer des Londres-Francfort, des Londres-Genève ainsi que des Amsterdam/Bruxelles-Genève. Alors que la société ferroviaire transporte aujourd’hui environ 19,5 millions de passagers, elle souhaite atteindre la barre des 30 millions d’ici 2030. En revanche, Eurostar souhaite conserver son positionnement Premium ce qui entrouvre une porte pour les concurrents.
Soulignant en juillet dernier auprès de l’AFP qu’Eurostar n’était pas «une compagnie low cost», la PDG d’Eurostar rappelle qu’en réservant à l’avance, il est possible d’obtenir des prix avantageux (dès 44 euros). D’ailleurs, la «politique de service et la politique de prix» mise en place fonctionne face à l’avion, selon la PDG. Du côté des concurrents, Virgin se prépare déjà «à bouleverser le transport ferroviaire transmanche» avec une politique tarifaire sans doute plus basse et «une meilleure façon de voyager», selon son patron, Richard Branson.

















