Déjà retoqué en novembre 2022 pour son projet de reconversion professionnel chez Atos, l’ancien secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a fait l’objet d’une nouvelle étude de cas ces derniers mois de la part de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) au sujet d’un investissement réalisé dans la pépite française de l’intelligence artificielle, Mistral AI. Via sa société de conseil, baptisée Nopeunteo, Cédric O avait en effet souscrit, en avril 2023, 17 610 actions pour la modique somme de 176,10 euros, qui se sont transformés en or avec les levées de fonds successives de Mistral AI, valorisant ses parts à 23 millions d’euros fin 2023 comme l’avait révélé Capital.
Une somme qui n’a fait que gonfler puisque, depuis, la start-up a réalisé un nouveau tour de table sans que l’on sache combien de titres les actionnaires orignaux ont lâché pour faire de la place à de nouveaux investisseurs. Mais la valorisation de Mistral AI serait déjà proche des 6 milliards d’euros, trois fois plus qu’il y a six mois.
«Aucun élément ne permet de conclure que les réserves auraient été méconnues»
Suite à ces révélations, la HATVP, garante de la probité des élus, a donc décidé de réétudier l’investissement de Cédric O puisque l’instance avait, dans une délibération datée du 14 juin 2022, autorisé sous réserves l’ancien ministre d’Emmanuel Macron à développer une nouvelle activité professionnelle à condition que celui-ci ne profite pas de ses anciennes fonctions ministérielles. Or ce dernier s’est montré très engagé en matière de lobbying ces derniers mois pour lever les freins au développement de l’IA à la française, provoquant des réactions virulentes au sein même de l'Assemblée nationale.
L'accord sous réserves qu'il avait obtenu en 2022, valable trois ans pour prévenir d’éventuels conflits d’intérêts, stipulait notamment que Cédric O devait en tous cas informer le gendarme de la transparence de ses projets ou investissements. Une démarche que l’intéressé aurait mis du temps à réaliser. Contacté fin 2023 par Capital, l’ancien ministre nous affirmait alors qu’il était dans les clous, sauf que, dans le même temps, la HATVP ne trouvait pas trace de ses démarches. Elle a donc fait travailler ses enquêteurs afin de « procéder au contrôle du respect des réserves », nous fait-elle savoir en cet fin juillet. « Au terme de ces vérifications et en l’état des informations dont dispose la Haute Autorité, il apparaît qu’aucun élément ne permet de conclure que ces réserves auraient été méconnues », poursuit une source au sein de l’instance, qui laisse donc la voie libre à l’ancien ministre.
Si Cédric O a bien œuvré pour faire grandir la start-up, notamment en tentant par tous les moyens d’alléger son environnement réglementaire, à Paris comme à Bruxelles, il n’aurait pas enfreint l’une des principales règles qui lui était imposée. «L’infraction de prise illégale d’intérêts pourrait en effet notamment être constituée dans l’hypothèse où Monsieur O réaliserait des prestations pour le compte d’une entreprise privée ou prendrait des participations au capital d’une entreprise privée alors qu’il aurait accompli à son égard, au cours des trois années précédentes, en tant que membre du Gouvernement, l’un des actes mentionnés à l’article 432-13 du code pénal», rappelait la HATVP dans sa délibération de juin 2022.
Mistral AI ayant été constituée après son départ du gouvernement, Cédric O passe entre les gouttes. Comme pour son véhicule d’investissement habilement choisi, une société plutôt qu’en nom propre, une ligne de crête plus favorable pour cette reconversion, vu l'état actuel du droit...
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