Mistral AI, Pasqal, Quantum Surgical... Ces fleurons français de la tech que la Silicon Valley nous envie

Conçu pour traiter des tumeurs délicates du foie, des reins, du pancréas et du poumon, le robot chirurgical Epione, mis au point par la start-up montpelliéraine Quantum Surgical, a déjà fait une entrée tonitruante aux Etats-Unis. Il n’a eu aucun mal à être adoubé par la Food and Drug Administration et a, en plus, été sacré à New York lauréat du prix Galien, sorte de Nobel de l’innovation médicale. Son créateur, Bertin Nahum, a décidément la cote sur le continent nord-américain, puisqu’il avait déjà lui-même été consacré dans la presse canadienne, voilà une dizaine d’années, quatrième entrepreneur le plus révolutionnaire au monde, derrière Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Le prêt de 30 millions d’euros décroché en mars auprès de la Banque européenne d’investissement devrait encore accélérer le développement commercial d’Epione, qui a déjà opéré 500 patients dans le monde.

Exotrail

Ses logiciels nous préparent à la guerre des étoiles

Outre qu’elle fabrique des moteurs électriques destinés à propulser de petits satellites, cette start-up basée à Massy (91) et à Toulouse développe une gamme de logiciels destinés à assister les opérateurs dans la préparation, la surveillance ou la gestion de leurs constellations d’appareils en orbite. «Nos dispositifs sont capables de repérer des trajectoires suspectes dans l’espace afin d’anticiper et de réagir à d’éventuelles attaques de satellites espions, menées pour saboter nos engins spatiaux ou voler des données», confie Jean-Luc Maria, CEO et cofondateur. Notre Commandement de l’espace s’intéresse de très près à cette start-up de 165 salariés, déjà invitée deux fois à participer à AsterX, un exercice militaire qui vise à préparer la France à la guerre des étoiles.

Dark

Son robot-éboueur va dépolluer l’espace

Guillaume Orvain et Clyde Laheyne, deux ingénieurs et ex-cadres du fabricant européen de missiles MBDA, relèvent le défi de la dépollution spatiale avec cette jeune pousse qu’ils ont fondée voilà trois ans. Sa mission: nettoyer les débris qui s’accumulent dans les étoiles. Le Centre national d’études spatiales (Cnes) recense déjà plus de 900000 déchets d’au moins 1 centimètre qui flottent dans l’espace, au risque d’endommager les satellites et donc de créer d’autres débris qui pourraient à leur tour engendrer des collisions. Dès qu’un corps dangereux sera signalé, un avion décollera en embarquant une fusée amarrée à sa carlingue, qui sera larguée à haute altitude. Le vaisseau rejoindra ensuite l’espace pour y propulser un robot. Celui-ci s’emparera de l’objet avant de le ramener dans l’atmosphère pour le détruire, en un point le plus éloigné possible des terres émergées.

Qubit Pharmaceuticals

Son simulateur quantique invente des médicaments anticancéreux

En alliant intelligence artificielle et informatique quantique, cette start-up ambitionne de révolutionner la confection de nouveaux médicaments pour traiter le cancer du sein, certaines pathologies inflammatoires comme l’eczéma, ou des maladies pulmonaires telles que la bronchopathie chronique. «Avec les méthodes traditionnelles, la mise au point d’une nouvelle molécule prend trois à quatre ans, sans compter les tests cliniques, ni les échecs qui surviennent dans 90% des cas et font flamber les coûts de développement jusqu’à 200 millions d’euros», explique Robert Marino, CEO et fondateur. Le simulateur numérique que ses équipes ont conçu avec Sorbonne Université réduit les temps de développement de moitié, tout en divisant les coûts par 10. Qubit Pharmaceuticals collabore notamment avec les oncologues de l’Institut Curie et vient de bénéficier d’un soutien de 8 millions d’euros de l’Etat dans le cadre de France 2030.

Pasqal

Ses ordinateurs futuristes s’exportent jusqu’en Arabie saoudite

Cofondé par le Nobel de physique Alain Aspect, le fer de lance français de l’ordinateur quantique continue de marquer des points dans cette discipline ô combien complexe, qui promet de résoudre des casse-têtes mathématiques ou de simuler des expériences jusqu’ici impossibles à modéliser avec des machines traditionnelles. Bien qu’encore expérimentaux, ses ordinateurs à base d’atomes neutres sont d’ores et déjà utilisés par le Crédit agricole pour prédire ses risques financiers comme par Thales pour planifier les missions de ses satellites. Déjà valorisée à un demi-milliard d’euros, l’entreprise a aussi marqué les esprits en annonçant, dès le mois de mai, la livraison d’une nouvelle machine avec Aramco, le géant énergéticien saoudien. Un deal à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Mistral AI

Son robot conversationnel Le Chat n’a rien à envier à ChatGPT

La locomotive française de l’intelligence artificielle fait quasiment jeu égal avec le californien OpenAI, le père de ChatGPT, qui domine le secteur. Ses équipes, menées par trois ingénieurs français passés par Google et Meta, ont conçu sept modèles de traitement du langage, dont Le Chat, un robot conversationnel librement accessible en démonstration sur son site Web. Ces réseaux de neurones artificiels répondent aux questions, racontent des histoires, traduisent des documents et peuvent même analyser une opinion ou des émotions en évaluant un texte, une fonction déjà exploitée par des entreprises pour surveiller leur réputation sur les réseaux sociaux. La rapidité de développement de Mistral AI est fulgurante: en moins de deux ans d’existence, elle a levé plus de 1 milliard d'euros et en vaut déjà 5,8.

SiPearl

Ses puces vont doper nos ordinateurs

Avec son microprocesseur, Rhea, qu’il est en train de concevoir, ce trublion de l’informatique basé à Maisons-Laffite (Yvelines) rêve de se faire une place auprès des géants américains du secteur, comme AMD, Intel et Nvidia. La start-up, fondée il y a cinq ans par Philippe Notton, un ancien cadre de STMicroelectronics et d’Atos, s’appuie sur ses six laboratoires de R&D basés à Massy, Grenoble, Sophia-Antipolis, Barcelone (Espagne), Duisburg (Allemagne) et Bologne (Italie). La puce à haute performance et basse consommation que ses équipes développent intégrera notamment le futur supercalculateur européen Jupiter. Ce maous numérique, qui devrait opérer depuis l’Allemagne dès l’an prochain, cumulera à lui seul la puissance de 5 millions de micro-ordinateurs!

Sirius Space Services

Ce mini-SpaceX divise par six les coûts d’un lanceur

Elon Musk n’avait que 30 ans quand il a créé SpaceX, sa plus belle réussite, mais Antoine Fourcade est encore plus précoce en affaires! Il y a quatre ans, juste après son bac, ce fils d’experts-comptables a lâché sa prépa scientifique pour fonder, à seulement 18 ans, sa start-up de minifusées réutilisables. «Notre gamme comprend trois lanceurs spatiaux capables de propulser des charges de 175 kilos, 700 kilos et 1,2 tonne en orbite basse, entre 450 et 1200 kilomètres d’altitude», résume ce businessman surdoué. Grâce à l’impression 3D métal, ses équipes sont même parvenues à diviser par six les coûts d’un lanceur traditionnel. Basé à Colombes, près de Paris, ce mini-SpaceX à la française a déjà tapé dans l’œil du Centre national d’études spatiales (Cnes), qui vient de lui commander cinq vols. Première mise en orbite prévue en 2027.