La percée fulgurante de l’américain SpaceX a conduit beaucoup d’observateurs à prédire, avant même son arrivée, l’échec commercial d’Ariane 6. D’autant que le programme a pris plus de deux ans de retard. Or le lanceur européen a d’ores et déjà enregistré 29 commandes: celles, institutionnelles, de l’ESA (Agence spatiale européenne), qui lui garantit au minimum quatre missions par an, mais aussi, divine surprise, d’Amazon, qui a choisi Ariane 6 pour démarrer le déploiement de sa constellation Kuiper. Moins chère de 40% qu’Ariane 5, assez puissante pour mener des missions lourdes et multiples, la nouvelle fusée ne semble pas aussi ringarde qu’annoncé. Stéphane Israël, qui pilote les lancements depuis 2013 à la tête d’Arianespace, peut se féliciter d’avoir été un des plus fervents promoteurs de ce programme. Les futures missions lunaires et d’exploration de Mars ouvrent en outre d’autres perspectives à la fusée européenne.

Ariane 5 finit sa carrière. Ariane 6 n’a pas encore débuté la sienne. Comment la transition va-t-elle se dérouler?

Stéphane Israël : Nous sommes à un moment très particulier de notre histoire. Les trois lanceurs qui ont nourri l’activité d’Arianespace durant la décennie 2010 tirent leur révérence. Ariane 5 devrait s’arrêter après une dernière mission européenne vers les lunes glacées de Jupiter (Europe, Callisto, Ganymède, NDLR), avec l’envoi de la sonde Juice de l’Agence spatiale européenne, qui entrera en orbite autour de la planète gazeuse en 2029.

A l’heure du bilan, on peut dire qu’Ariane 5 aura été la championne incontestée des satellites géostationnaires, notamment pour la télévision, tout en ayant accompli avec succès de très grandes missions institutionnelles, telles que l’explorateur de comète Rosetta ou le cargo européen ATV. Elle est d’ailleurs entrée dans la légende avec le lancement réussi du télescope spatial de la Nasa James Webb, le 25 décembre 2021.

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