
Alstom sa course contre la montre pour livrer le tgv du futur
Patrick et Sophie ont fait des petits. Derrière les petits noms des premiers TGV de couleur orange inaugurés en 1981, désormais garés au musée, c’est aujourd’hui la cinquième génération du train à grande vitesse qui sort des usines d’Alstom. D’ailleurs, le constructeur ferroviaire français met les bouchées doubles pour tenter de tenir les délais de son contrat signé avec la SNCF en août 2018: 115 rames (100 pour la France, 15 pour l’international) pour un montant initial de 3,5 milliards d’euros.
Seulement, Alstom est en retard, au grand dam de la SNCF qui va «demander des compensations», selon une source interne de l’opérateur public. Prévue initialement pour fin 2025, les livraisons ne seraient désormais programmées qu'au mieux début 2026 selon le syndicat Sud-Rail, cité dans Les Echos. Il faut dire que la SNCF, qui traverse une période faste sur le plan commercial avec des records de réservation sur ses saisons estivales et hivernales post-Covid, attend avec impatience ces nouveaux TGV-M offrant 20% de sièges en plus par rame (740 places contre 634 aujourd’hui).
Un processus long et complexe
Dans ses plans initiaux, le transporteur public espérait même les faire rouler pour les Jeux olympiques de Paris 2024, mais Alstom, qui a traversé une grave crise de trésorerie l’année dernière, a aussi connu quelques soucis avec des sous-traitants. A commencer par une filiale de TotalEnergies devant lui fournir une batterie, élément majeur de ce nouveau TGV car elle lui permet de continuer à rouler sur quelques dizaines de kilomètres en cas de coupure de courant. Essentiel pour éviter de bloquer des voies pendant des heures, comme ce fut déjà le cas dans le Sud-Est ou le Sud-Ouest par le passé.
Or, comme le reconnaissent les équipes d’Alstom, développer et produire un nouveau TGV est un processus long et complexe. Après une première rame présentée en 2022 sur le site de La Rochelle, les essais se poursuivent partout en France et le matériel est encore en cours d’homologation. «En ce moment, nous faisons le maximum sur la partie validation. Nous roulons déjà régulièrement à 320 kilomètres-heure sur les voies à grande vitesse, mais, pour obtenir sa certification, le train doit rouler sur l’ensemble du réseau, y compris sur les petites lignes, de Bretagne, par exemple», indique François Favard, chef du projet TGV-M chez Alstom.
12 rames neuves par an en rythme de croisière
Ponts, quais, passages à niveaux… Les deux premières rames sorties d’usine passent partout en France pour vérifier la bonne compatibilité avec l’infrastructure ferroviaire. En parallèle, quatre nouveaux TGV continuent aussi leurs essais en vue de leur autorisation de mise sur le marché.
Lorsque le constructeur sera en rythme de croisière, à savoir en 2026, Alstom prévoit de sortir 12 rames neuves par an. «En ce moment, nous travaillons beaucoup sur l’aménagement intérieur. Les gaines de câbles ont été installées sur les côtés de la rame pour faciliter la circulation des voyageurs au centre. Les sièges, qui seront plus robustes qu’avant, auront plus de fonctionnalités, avec des appuis-tête réglables en hauteur, des tablettes et davantage de prises de courant», promet François Favard.
Au-delà de ses caractéristiques techniques (97% de matériaux recyclables, 20% d’économie d’énergie, 100% accessible en fauteuil roulant…), le nouveau TGV est avant tout «M» pour «modulable». Conçu pour rouler avec deux motrices en version 7, 8 ou 9 voitures, toutes reconfigurables en première ou seconde classe, la programmation des trains offrira plus de souplesse à la SNCF. Ses techniciens qui assurent la maintenance et la préparation des trains pourront par exemple sortir des sièges des rames pour les remplacer par des espaces à vélo. Objectif: s’adapter presque en temps réel à la demande et aux réservations des voyageurs. Quant au déploiement du TGV-M, il se fera dans un premier temps sur l’un des axes les plus rentables, mais aussi les plus concurrentiels pour la SNCF: Paris-Lyon-Marseille.
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