Après plus de quatre mois d'enquête sur la stratégie d'influence du réseau social Tiktok, la position du Sénat est sans appel : le gouvernement doit "suspendre TikTok en France" et "demander sa suspension au sein de l'Union européenne", si aucune mesure n'est prise avant 2024. Pourquoi une telle urgence à réguler Tiktok ? Quelles en sont les dangers ? Il y a un an déjà, Capital avait enquêté sur ce nouveau monstre numérique.

Passé 30 ans, peu de gens le connaissent. Pourtant, Akamz Twenty est une star. Version 2.0. L’un des plus grands influenceurs français, suivi par 20 millions d’abonnés ou presque. Sa spécialité ? Les déhanchés. En mai, ses pas de danse à la Michael Jackson ont été vus plus de 112 millions de fois sur TikTok, un record. Pour partager ses chorégraphies endiablées et ses blagues en tout genre, le jeune homme de 21 ans mise aussi sur Instagram ou YouTube, mais c’est bien le réseau social d’origine chinoise qu’il préfère. Il en maîtrise parfaitement les codes. «Il faut capter l’attention des internautes dans les trois premières secondes, sinon ils décrochent et passent à autre chose, explique le pro. Je prépare chacune de mes interventions comme un fabricant de snacking.» Traduction ? Il peaufine des séquences de moins d’une minute à consommer rapidement, comme on dévore avec gourmandise des gâteaux apéritifs les uns derrière les autres...

Aujourd’hui, sur TikTok, plus de 1,7 milliard d’utilisateurs assouvissent avec délectation cette fringale de vidéos. Rien qu’en France, ils sont 20 millions. Véritable phénomène chez les ados et jeunes adultes, l’appli touche plus d’un tiers de la génération Z. Des fans qui se sont connectés, en moyenne, 21 heures par mois l’an dernier, 22% de plus qu’en 2020 ; c’est la plus forte progression d’audience enregistrée par un réseau social sur la période, selon l’étude Hootsuite-We Are Social. Avec ses images rigolotes de défis absurdes ou ses scènes beaucoup plus inquiétantes d’adolescentes hypersexualisées, ce fil de contenus hétéroclites, postés par des stars ou d’illustres inconnus, est devenu incontournable dans les cours d’école. «Les rares élèves qui n’ont pas de compte ne comprennent pas les codes auxquels nous faisons référence entre nous et ils se retrouvent isolés», note Léo, 14 ans.

La suite est réservée aux abonnés
Abonnez-vous à Capital à partir de 1€ le premier mois
  • Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
  • Le magazine en version numérique
  • Navigation sans publicité
  • Sans engagement