Le géant des services à l'environnement Veolia va acquérir l'américain Clean Earth, spécialisé dans le traitement de déchets dangereux, pour une valeur d'entreprise de 3 milliards de dollars, une opération qui va lui permettre de doubler de taille dans ce métier aux Etats-Unis. «Aujourd'hui, nous changeons de dimension aux Etats-Unis», a annoncé Estelle Brachlianoff, la directrice générale du groupe. Clean Earth est «un acteur de tout premier plan qui renforce notre position de leader mondial» et «nous permet de doubler de taille» dans ce segment aux USA, a-t-elle ajouté lors d'une conférence téléphonique ce vendredi 21 novembre.

Cette acquisition, «la plus transformante depuis celle de Suez» en 2022, permet à Veolia de «libérer tout le potentiel de valeur» des activités de traitement des déchets dangereux aux Etats-Unis, a-t-elle poursuivi, «créant ainsi un numéro 2 dans le domaine». Ce secteur est «particulièrement robuste, notamment aux Etats-Unis», souligne le groupe. Il s’agit d’un service essentiel pour des industries clés, notamment celles en pleine transformation ou qui relocalisent leur production comme les industries de pointe, les semi-conducteurs, l’énergie propre, la santé, etc.

Un marché stratégique de santé environnementale

Le chiffre d'affaires de Veolia dans ce segment aux Etats-Unis va ainsi passer de 1,2 milliard de dollars à 2,2 milliards, a expliqué Estelle Brachlianoff. Au total, son activité dans le pays atteindra 6,3 milliards. «Le marché des déchets dangereux, c'est un enjeu de santé puisqu'on est en train de parler de traiter des polluants et donc autant de sujets qui soutiennent une demande très forte, quels que soient les soubresauts ici ou là en matière macroéconomique ou géopolitique», a souligné la dirigeante. Elle a notamment cité le traitement des PFAS, dits «polluants éternels», qui peuvent avoir des effets délétères sur la santé.

Clean Earth dispose de 82 sites, dont 19 installations de traitement, stockage et d'élimination autorisées par l'Environmental Protection Agency (EPA), l’agence américaine de protection de l'environnement, et plus de 700 permis d'exploitation à travers le pays. Le géant français va aussi accroitre sa présence à l'ensemble du territoire américain avec un portefeuille de Clean Earth «hautement complémentaire avec celui de Veolia». «On était déjà présents dans un certain nombre d'endroits aux Etats-Unis, mais pas à l'échelle nationale», a expliqué Estelle Brachlianoff. «On rentre dans dix nouveaux Etats», notamment des régions jusque-là peu desservies comme le Sud-Est ou le Nord-Ouest Pacifique, a-t-elle ajouté.

Veolia accélère ses cessions

Cette opération va conduire Veolia a accélérer ses cessions, avec 2 milliards d'euros supplémentaires dans les deux années qui suivront cette acquisition, ce qui portera «le total à 8,5 milliards d’euros de rotation d’actifs depuis le lancement de GreenUp», le programme stratégique sur la période 2024-2027, a indiqué Estelle Brachlianoff. Elle n'a pas précisé les secteurs ou géographies qui seront concernées mais a indiqué qu’elles concerneraient des «activités matures, dont la croissance des résultats a moins de perspectives que d'autres sujets sur lesquels on investit».

L'acquisition de Clean Earth se fait auprès du groupe Enviri, spécialisé dans les déchets et le recyclage. Sa finalisation est prévue d’ici mi-2026, sous réserve de conditions suspensives usuelles et notamment l'approbation des actionnaires d'Enviri. Clean Earth est acquis à une valeur d'entreprise de 3 milliards de dollars ou environ 2,6 milliards d'euros, ce qui représente 9,8 fois l’Ebitda (résultat d'expoitation) estimé pour 2026 après synergies, selon Veolia.

Le géant français vise des synergies de 120 millions de dollars à l'horizon de la quatrième année et une relution (accroissement, ndlr) du bénéfice par action courant dès la deuxième année. A l'issue de l'acquisition, le chiffre d'affaires global de Veolia dans les déchets dangereux atteindra 5,2 milliards d'euros, avec une marge d'Ebitda de 17%. Veolia relève de ce fait ses ambitions financières pour ses activités de déchets dangereux et vise désormais une croissance de l'Ebitda d'au moins 10% sur la période 2024-2027. L'action de Veolia perdait 0,53% à 27,85 euros dans un marché en petite baisse.