Alors que François Bayrou a présenté le 15 juillet dernier son plan d’économies pour 2026, qui a provoqué une levée de boucliers, les acteurs du logement sont inquiets. Selon BFM, les économies réalisées par le gouvernement pourraient toucher des dispositifs d’aides au logement cruciaux, comme les APL, le RSA, l’allocation chômage ou encore la prime d’activité. Et cette perspective fait craindre un basculement de beaucoup de familles dans une précarité encore plus grande.

Jérôme, vingt-trois ans, partage ces craintes. Installé dans les Pyrénées-Atlantiques, il vit aujourd’hui grâce à une allocation de «presque 700 euros», et une aide personnalisée au logement (APL), d’environ 350 euros jusqu'en mars dernier, mais qui va être recalculée. Pour l’heure, il vit dans une résidence sociale et paie un loyer de 410 euros, une somme qu’il ne pourrait pas assumer seul. Jérôme voudrait déménager à l’avenir, mais pour le moment, c’est «impossible», étant donné les montants des loyers du secteur qui avoisinent les 700 euros environ.

Un filet de sécurité en voie d'effilochement

Pour les associations de lutte pour l’accès au logement, comme l’Union nationale pour l’habitat des jeunes (Unhaj), le risque est bien réel. Les jeunes ont «peu de filets de sécurité et si on les gèle tous à la fois, c'est très inquiétant», indique Aude Pinault, déléguée à l’habitat de l’Unhaj. Une inquiétude doublée d’un sentiment d’impuissance pour Christophe Robert, de la Fondation pour le logement des défavorisés. «Notre protection sociale est de moins en moins efficace. Au cours des dix à quinze dernières années, les APL ont évolué deux fois moins vite que les loyers et trois fois moins vite que les charges», explique-t-il. Alors, l’écart entre aides perçues et réalités des dépenses est de plus en plus important. La faute aux «décisions successives qui, sur le coup, ont peut-être un impact moindre, mais de fil en aiguille toute baisse des prestations sociales par rapport à la réalité du coût de la vie réduit les capacités d'accès au logement», selon lui. En première ligne, «les jeunes, pour qui les APL sont déterminantes pour se loger».

Mais les retraités modestes sont eux aussi concernés. Selon le rapport 2024 de l’association Les Petits Frères des pauvres, deux millions de personnes de 65 ans et plus vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 60% du niveau de vie médian. Une précarité qui touche plus particulièrement les femmes et les personnes seules. Le gel éventuel du minimum vieillesse aurait donc «un effet immédiat sur le pouvoir d’achat» des retraités aux moyens très faibles, affirme Yann Lasnier, délégué général de l’association. Et pour le logement, s’il existe un filet de protection pour les personnes aux revenus faibles de plus de soixante-cinq ans, il y a aussi beaucoup de situations où «le changement d’un paramètre peut faire tomber une personne dans la précarité», explique le délégué général. En effet, la perte d’un conjoint peut par exemple suffire à précipiter une personne âgée dans une précarité encore plus grande.