Si vous aviez déjà visité la cathédrale de Chartres et que l'envie vous démange d'y retourner, vous ne reconnaîtrez sans doute pas les abords du monument. Et pour cause : là où trônaient dix robiniers vieux de plusieurs dizaines d'années, se dressent désormais... d'immenses parasols. Trente-deux au total, dont certains mâts atteignent cinq mètres de hauteur, pour apporter de l'ombre aux terrasses des établissements bordant le parvis de la cathédrale. La mairie explique que les arbres, abattus en octobre, étaient malades. L'opposition municipale et des associations écologistes prétendent le contraire.

Cité par L'Echo Républicain le 10 avril dernier, Guillaume Bonnet, adjoint au maire en charge du commerce et de l’amélioration du cadre de vie, loue la qualité de ces parasols XXL, équipés de LED et conçus pour résister aux vents violents. Selon l'élu, ce nouvel équipement correspond au cahier des charges : «On a voulu quelque chose d’harmonieux, qui correspond au réaménagement des dalles du parvis.» Exit les arbres, donc, manifestement pas assez harmonieux.

«Ces parasols sont tristes» déplore une commerçante

Sans surprise, cette initiative rencontre quelques oppositions. De la part, notamment... de l'opposition. François Bridet, conseiller municipal écologiste, vice-président du conseil régional, dénonce dans les colonnes de Ouest-France : «Alors que la tendance est à la végétalisation et à la création d’îlots de fraîcheur pour lutter contre les pires effets d’un réchauffement climatique à + 4 °C, là on est dans des réflexes d’aménagements dignes des Trente Glorieuses».

En octobre, la municipalité avait expliqué devoir abattre les dix robiniers car ils étaient «malades» et avait précisé que chaque arbre abattu serait remplacé par trois jeunes arbres replantés en pleine terre ailleurs dans la ville. Mais cette promesse ne change rien à l'affaire : «Ces parasols sont tristes» déplore une vendeuse sur la place. «C'est laid» lance un passant. Près d'un mois après leur installation – directement dans le sol sur le parvis – ces 32 parasols géants ne font toujours pas l'unanimité. D'autant que leur coût total reste en travers de beaucoup de gorges : 300 000 euros.

Une pétition pour revégétaliser le parvis de la cathédrale

Une pétition lancée par un certain Lionnel et dénonçant «un gaspillage d'argent public», a déjà récolté plus de 12 700 signatures. «Les arbres apportaient du frais, de l’air pur, et du calme. Là, tout semble si minéral», déplore le porteur de la pétition. Jean-François Bridet, lui, réclame que des arbres soient replantés. «En imperméabilisant les sols, on empêche l’infiltration des pluies aggravant ainsi les crues de l’Eure», s'inquiète-t-il auprès du Parisien.

Le maire, Jean-Pierre Gorges, se défend : ces arbres, insiste-t-il, «étaient malades ! On ne peut tout simplement pas en replanter». Et de rappeler que depuis son élection en 2001, la ville compte 12 000 arbres, soit 4 000 de plus qu'avant sa prise de fonction. De plus, «on a effectué des fouilles autour du portail sud, qui ont révélé de magnifiques vestiges romains, des murs de fondation de la cathédrale dans le prolongement de la crypte, et des caves tout autour» Concluant : «Sous terre, tout est minéral. Un arbre ne peut donc pas pousser. Les racines partent sur les côtés, cassent tout. Nous ne ferons pas le choix de la démagogie».