Jackpot. Un Français a décroché hier, mardi 19 août, la coquette somme de 250 millions d'euros à l’EuroMillions. A l'heure qu'il est, passé l'émotion, l'heureux gagnant se demande sans doute ce qu'il va bien pouvoir s'offrir, quelle somme il va donner - ou non - à ses proches, mais aussi comment investir ce précieux magot. Cette dernière question, vous vous l'êtes peut-être également déjà posée. L'objectif de la manœuvre est périlleux, puisqu'il faut veiller à ne pas risquer de tout perdre sur un mauvais placement, tout en faisant fructifier le pactole, afin de ne pas tout dépenser et en laisser une partie à ses éventuels héritiers. Pour savoir quelle stratégie adopter dans une telle situation, nous avons interrogé nos experts pour vous faire gagner du temps suite au prochain tirage.

Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit que lorsqu'on reçoit une telle somme, «on ne va plus avoir à gérer son argent soi-même. Des sociétés spécialisées en gestion de fortune (banques privées ou family-office, NDLR) vont fabriquer des produits et une stratégie sur mesure», énonce tout de suite Vincent Grard, directeur France de Trade Republic. Toutefois, les fondamentaux restent les mêmes que pour n'importe quel investisseur : «Il faut fixer un cap : définir ce qu'on a envie de faire de cet argent, quels projets on veut mener, et le montant nécessaire pour y parvenir. Ce n'est qu'ensuite qu'on pourra faire une allocation d'actifs dans le but de financer ces projets», explique Serge Harroch, gérant d'Alpha Phi.

Des placements sans risque vous assurent déjà un niveau de vie confortable

De même, qu'importe le niveau de fortune, la diversification va rester le maître mot : «Même avec 250 millions d’euros, il va nécessairement falloir diversifier, avoir une partie placée sur des supports sécurisés (livrets, comptes à termes, etc.), et une partie investie», ajoute Vincent Grard. Toutefois, pour les plus prudents, une telle mise de départ peut déjà assurer un bon train de vie en ne restant que sur des placements sans risque : en plaçant 250 millions d'euros au taux actuel de la BCE (2%) sur un «super livret», par exemple - dont les plafonds de versement peuvent être illimités - ou sur un fonds monétaire, très peu risqué, ou encore un compte courant rémunéré, «on génère tous les mois 410 000 euros d'intérêts, soit 290 000 euros net d'impôt (flat tax de 30%), et 3,6 millions d'euros par an», calcule Vincent Grard.

Ce n'est donc que si vos besoins au quotidien ou le coût de vos projets nécessitent davantage d'argent qu'il faudra vous tourner vers des investissements plus risqués. Mais là aussi, la diversification va rester la clé. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier va en effet être crucial pour protéger son capital tout en générant des revenus complémentaires. «L'avantage, avec une telle surface financière, c'est que vous aurez accès à toutes les classes d'actifs», note Ronan Guesnerie, responsable de la communication chez Linxea.

Diversifier au maximum pour être toujours gagnant

On peut ainsi imaginer une allocation d'actifs construite de la manière suivante : 30% (75 millions) sur des produits peu risqués et liquides, en cas de besoin ; 25% (62,5 millions) investis en actions, la classe d'actifs la plus performante sur le long terme - «avec une diversification la plus large possible, si toutes les géographies : Etats-Unis, Europe, pays émergents, Chine, etc.», précise Vincent Grard - ; 20% (50 millions) consacrés à des produits réservés aux investisseurs les plus fortunés : l'investissement en direct dans des entreprises non cotées (private equity et dette privée), dans des fonds d'infrastructures (réseaux de transport, parcs éoliens ou solaires, centres de données, etc.) ; 20% dans l'immobilier, avec l'achat de biens en direct, ou via des «club deals», des opérations d'achats collectifs dédiées aux plus fortunés ; et enfin 5% (12,5 millions) pour des investissements plus atypiques, qui ne sont pas toujours ceux qui rapportent le plus, mais qui peuvent répondre à une passion : arts, vins, voitures de luxe, bijoux, chevaux de course, etc.

Autant le dire d'un mot, avec un tel niveau de fortune, une allocation bien diversifiée devrait vous permettre de vivre très confortablement, même si une partie de vos investissements s'avèrent perdants. Ainsi, «le sujet ne va plus tellement être si vous aurez assez pour bien vivre, mais plutôt comment transmettre de façon efficace», pointe Marc Tempelman, co-fondateur de la fintech Cashbee. Aussi, il deviendra crucial de bien s'entourer, «pour éviter les personnes qui chercheront à vous soustraire votre argent», ajoute-t-il. Un conseil qui vaut aussi pour «bâtir des stratégies successorales et fiscales qui protégeront le capital acquis», souligne Ronan Guesnerie. Avec une attention particulière au coût de ce service, car avec une telle fortune, le montant des frais prélevés par les intermédiaires peut aussi rapidement s'envoler : payer 1% de frais sur 10 millions d’euros revient à être prélevés de 100 000 euros !