
Les jeunes manageuses sont épuisées par leur job. C’est ce que révèle la dernière étude* publiée par Indeed et OpinionWay le 2 octobre. 11 % des femmes de moins de 35 ans occupant des postes à responsabilité dans le secteur des services déclarent ainsi avoir été en arrêt maladie pour des raisons psychologiques au cours de l'année. C’est 3 % de plus que leurs homologues masculins. Une différence qui s’explique par la double charge subie par ces travailleuses, selon Eric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed : «Malheureusement, elles sont beaucoup à devoir jongler entre des responsabilités managériales exigeantes, et une vie personnelle souvent marquée par une forte charge parentale». Et pour cause : 60 % des managers féminins interrogés déclarent que la pression de concilier vie professionnelle et personnelle pèse sur leur bien-être psychologique.
Autre cause de cet épuisement professionnel : le Covid. 7 salariés sur 10 considèrent ainsi que la crise sanitaire a durablement affaibli leur santé mentale. Et ce n’est pas qu’une impression : «Depuis 2020, le rythme de progression des dépenses d’arrêts maladie a quasiment triplé par rapport à la période d’avant Covid», chiffre Eric Gras. Une névrose particulièrement visible chez les managers : 59 % d’entre eux déclarent que leur santé mentale s’est dégradée au cours des dernières années, contre 50 % pour le reste des salariés français.
Une culture du présentéisme et des horaires à rallonge
Car selon l'étude, la pression au travail est d’autant plus forte dans le secteur tertiaire, où la culture du présentéisme et des horaires à rallonge reste la norme. «Il est difficilement acceptable qu’un manager soit en télétravail la moitié de la semaine, ou bien qu’il quitte le bureau à 18 heures, avant les autres membres de son équipe», souligne Eric Gras. Il faut dire que les attentes élevées de la hiérarchie en matière de disponibilité sont souvent implicites… Ce qui pousse ces travailleurs à prolonger leur journée de travail bien après la sortie du bureau.
Bien souvent, ils ramènent leur ordinateur de bureau à la maison et poursuivent leurs tâches alors qu’ils sont censés avoir débranché
Résultat, 47 % des managers de moins de 35 ans déclarent se sentir trop épuisés pour se lancer dans une autre activité après le travail. De quoi les rendre plus vulnérables au burn-out.
Mais paradoxalement, ces manageuses de moins de 35 ans sont celles qui osent peu parler de leurs difficultés. «Elles craignent souvent de voir leur carrière freinée si elles évoquent des problèmes de santé mentale ou demandent des aménagements pour aller chercher leurs enfants à l’école, par exemple», regrette le spécialiste de l’emploi chez Indeed.
*Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1 050 salariés âgés d'au moins 18 ans, au sein d’entreprises privées de tous secteurs et de 20 salariés et plus



















