Le constat est une nouvelle fois édifiant. Selon une enquête publiée par le cabinet spécialisé en prévention des risques psychosociaux et qualité de vie au travail Empreinte Humaine et réalisée par Ipsos BVA, près d’un salarié français sur deux (47%) est en détresse psychologique. Un pourcentage en hausse de 2 points par rapport au mois de mars 2025. On parle ici de symptômes de dépression ou d’épuisement, qui peuvent entraîner des problèmes de santé plus graves tels que des maladies psychosomatiques ou des troubles anxieux. L'enquête, qui s’appuie sur les réponses de 2 000 salariés, révèle même que 14% des salariés sont en «détresse psychologique élevée». Un chiffre alarmant, alors même que la santé mentale a été désignée Grande cause nationale en 2025 par le gouvernement.

Dans le détail, pas moins de 7 salariés sur 10 estiment que leur détresse psychologique est partiellement ou totalement liée au travail. Parmi eux, 32% sont en risque de burnout, soit un point de plus qu’au printemps dernier, et 20% disent «craquer» à cause du travail. Signe d’une perte de sens ressentie par de nombreux travailleurs, seulement un salarié sur deux pense «accomplir des choses qui en valent la peine».

«On observe une dégradation très importante de la santé mentale des salariés français depuis la fin de la crise Covid, explique Christophe Nguyen, président associé d'Empreinte Humaine et psychologue du travail. Les conditions de travail sont plus exigeantes, notamment en raison de la reprise de l’activité économique depuis la crise sanitaire alors que la santé mentale des Français était déjà fragilisée par les confinements

Un risque pour la santé physique des salariés

Autre enseignement de l’étude, certaines populations sont plus à risque que d’autres en ce qui concerne la santé mentale. Les employés sont par exemple plus nombreux à se trouver en situation de détresse psychologique (53%) que les cadres (42%). Les femmes sont aussi davantage en difficulté (54%) que les hommes (40%). A noter que les salariés du public (52%) sont plus nombreux en situation de détresse psychologique que les salariés du privé (45%).

Alors que le gouvernement cherche désespérément à réduire le nombre d'arrêts maladie, cette dégradation généralisée de la santé mentale des salariés a pour conséquence d'augmenter le risque de problèmes de santé physiques des travailleurs. En effet, 58% des salariés en détresse psychologique disent souffrir de tension et douleurs musculosquelettiques liées au travail. 66% des travailleurs déplorent des problèmes de sommeil liés au stress, 38% des maux de tête ou encore 26% des problèmes digestifs. «Le sujet de la santé mentale est pris de plus en plus au sérieux par les entreprises mais les actions concrètes tardent à se mettre en place, poursuit Christophe Nguyen. Un meilleur accompagnement des employeurs pour préserver la santé mentale de leurs salariés permettrait notamment de réduire l'absentéisme.»