Une personne sur trois au chômage déclare affronter la critique au quotidien. Dans son baromètre de novembre 2024, l’Unédic alerte sur la ténacité des préjugés associés à une période de chômage. De nombreux chômeurs subissent au quotidien des remarques méprisantes, se voient reprocher une forme d’assistanat ou de paresse. Pour preuve, l’étude indique que 32% des sondés pensent que les chômeurs sont des «assistés». 6 Français sur 10 estiment même que les chômeurs ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi. Des jugements qui peuvent peser lourd sur le moral des principaux concernés…

Ces préjugés, Catherine Fontanel, licenciée à 50 ans d’un grand groupe, a pu les appréhender lors de sa reconversion : «Cette pression sociétale insupportable qui accompagne le chômage donne souvent l’impression d’être au bord de la société, de ne plus valoir un clou…» Aujourd'hui en formation, elle dénonce un frein structurel qui pénalise les travailleurs les plus expérimentés : l'âgisme.

Une discrimination souvent à double tranchant : «A un certain âge, nous sommes les premiers à devoir partir en cas de réduction des effectifs mais les derniers à être ré-embauchés. Il y a un vrai tabou autour de cette discrimination dont personne ne parle, du moins ouvertement», déplore l’ancienne responsable service client. Une incohérence et une «hypocrisie» d’autant plus grandes selon elle que certains grands groupes «font preuve, la plupart du temps, d’une attitude de rejet souvent radicale envers les seniors, ne leur accordant même pas à un entretien quelle que soit la pertinence de leur CV. Ces sociétés ne prennent pas en compte toutes les soft skills qu’une personne plus expérimentée peut apporter». Pour rappel, selon une étude réalisée en 2023 par la Dares - organisme statistique rattaché au ministère du Travail -, en France, seulement 58,4% des plus de 50 ans sont en emploi…

Très peu d’insertion professionnelle pour les seniors

Un ressenti alimenté selon elle par les grandes entreprises, où l’âge constitue parfois un frein majeur dans le recrutement : «Dans ces structures, il est très difficile d’y entrer si l’on ne correspond pas à certains critères stricts. L’âge est un frein supplémentaire car les entreprises pensent que l’on va tomber malade plus facilement, coûter plus cher, ne pas être assez productif…», estime Catherine Fontanel. Ce rejet alimente d’ailleurs un autre problème : l’évaluation par les demandeurs d’emploi seniors de leurs propres compétences sur le marché du travail. «De nombreux chômeurs se sous-évaluent sous l’effet du stress et de l’urgence à retrouver un poste, ce qui est regrettable au regard de ce qu’ils pourraient pourtant apporter», regrette-t-elle.

Aujourd’hui, après plusieurs années dans l’humanitaire, Catherine veut reprendre le chemin du bureau, mais pas n’importe comment. Pour elle, hors de question de retourner dans une structure qui ne lui convient plus, «où, passé 45 ans, nous sommes considérés comme des ‘vieux’, des employés obsolètes». Agée de 57 ans, cette experte en reconversion dans contrôle hygiène qualité (QHSE) est engagée dans le dispositif Atout senior depuis novembre dernier. Ce partenariat entre France Travail et l’Ifocop permet aux personnes de plus de 50 ans d’allier formation et période en entreprise. La promesse ? Une meilleure réinsertion professionnelle.

Bien que cette nouvelle période apporte «son lot de stress», c'est surtout l’occasion de prendre un nouveau départ et surtout un vrai «coup de jeune» pour Catherine. Atout senior, construit comme une alternance, est divisé en quatre mois de cours théoriques puis quatre mois d’entreprise, avec contrôle continu, soutenance de mémoire… Prochaine étape ? Ce lundi 17 mars, Catherine passe son dernier examen dans la matinée et débute en entreprise l’après-midi, à 700 kilomètres de son domicile : «J’ai hâte de commencer. Il y a un peu de stress, mais celui-ci, il est bon.»