
Certaines administrations publiques poussent elles-mêmes leurs agents vers le privé. Un constat étonnant que révèle le dernier rapport de la Cour des comptes, publié ce mercredi 14 mai avec les Chambres régionales et territoriales des comptes. «La mobilité [du secteur public vers le privé] peut être organisée voire promue par les employeurs publics», assure le rapport. Mais attention : cela ne veut pas forcément dire que l’Etat veut se débarrasser de ses fonctionnaires.
Au contraire, puisque cette «période de respiration» est «jugée utile, notamment dans la haute fonction publique de l’Etat», pour les agents les mieux qualifiés. Car ils «y acquièrent des compétences dont l’administration ne dispose pas en interne», indique l’étude. Ainsi, plutôt que d’engager des dépenses de formation exorbitantes ou de rester à la traîne sur certaines innovations, mieux vaut envoyer temporairement ces fonctionnaires dans le privé, plus souvent à la pointe. Autre avantage non négligeable : ces agents défrayés ont l’assurance de retrouver la sécurité de l’emploi public une fois cette immersion professionnelle terminée.
La période d’ouverture créée en 2017
Mais cette idée novatrice reste encore très confidentielle. Les seuls à avoir mis concrètement en place ce dispositif, appelé «période d’ouverture», sont les ingénieurs de l’armement. Depuis 2017, ils peuvent être affectés dans des entreprises industrielles pour deux à cinq ans. Mais «elle ne concerne qu’une dizaine d’ingénieurs chaque année», note la Cour. Ainsi, en 2023, sur les 17 ingénieurs partis dans le privé, seuls 8 l’ont fait dans le cadre d’une période d’ouverture.
Un faible recours déploré par la Cour, d’autant que «les retours d’expérience [de ces fonctionnaires] montrent que cette ouverture est formatrice». Les Chambres territoriales et régionales nous l'assurent : le dispositif est assez souple pour pouvoir l’étendre à d’autres métiers de la fonction publique. «Tout cela n'a pas été formalisé par une politique stricte.» Ainsi, la durée de cette période d’ouverture – de deux, trois ou cinq ans maximum – reste à l’appréciation des ministères ou des directions.



















