Chez Orange, tout le monde ne vieillit visiblement pas à la même allure… Et si Jacques Aschenbroich, le nouveau président du groupe, qui vient de souffler ses 68 bougies, a fait en sorte de pouvoir rester en poste au-delà de 70 ans grâce à une modification des statuts, les salariés à moins de cinq ans de la retraite se verront proposer, eux, un «temps partiel senior» négocié dans le cadre d’un accord intergénérationnel, qui leur permettra de raccrocher en douceur. «Cela ressemble plutôt à un guichet de départs volontaires, bougonne Sébastien Crozier, le représentant CFE-CGC du groupe. La retraite d’office, ça marche pour tous, sauf le président!»

Voilà qui ne va pas arranger, en tout cas, un triste record français: notre taux d’emploi des seniors, parmi les plus faibles d’Europe. C’est ainsi qu’à fin 2021, seuls 56,1% des 55 à 64 ans étaient encore en activité, une proportion qui tombe à un tiers pour la tranche des 60 à 64 ans. «A l’âge moyen de liquidation, les travailleurs ne sont généralement déjà plus en emploi, mais au chômage, au RSA, en incapacité ou en invalidité», rappelle à qui veut l’entendre Yves Veyrier, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière.

Il n’en faut pas plus aux détracteurs de la prochaine réforme des retraites pour souligner que celle-ci, qu’il s’agisse de reculer de trois ans, ou même de deux ans, l’âge légal, se résumera donc à forcer nos tempes grises à pointer à Pôle emploi, ou à vivre des minima sociaux… La précédente modification des bornes d’âge, décidée par Nicolas Sarkozy et mise en place à compter de 2011, semble d’ailleurs confirmer ces craintes: selon l’Unédic, le nombre de chômeurs indemnisés âgés de 60 et 61 ans avait doublé entre 2008 et 2015.

«Le passage à 62 ans ne s’était alors traduit par une progression de l’emploi que pour la moitié des personnes concernées. Un tiers d’entre elles étaient restées inactives, et 20% au chômage», complète Jean-Paul Domergue, responsable du plaidoyer à SNC (Solidarités nouvelles face au chômage). C’est d’autant plus problématique que ces chômeurs sont ensuite peu susceptibles de retrouver un job: au troisième trimestre 2021, la durée d’inscription des plus de 55 ans à Pôle emploi atteignait 771 jours, plus du double de la moyenne.

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