
Des motos jusqu’aux petits cyclos, les automobilistes français tournent la poignée… vers moins de mobilité motorisée. Désormais très concurrencés par d’autres modes de transport, ou tout simplement contraints par une réglementation plus sévère, les deux-roues voient leurs ventes s’orienter à la baisse, vraiment. Selon les résultats de l’Observatoire du deux-roues de l’assureur Solly Azar et du cabinet de données AAA Data, ces ventes sont même au plus mal en ce début d’année, au point de chuter de 21% par rapport au premier trimestre 2024. Ce sont 6,5 points de plus que la chute observée du côté des immatriculations de voitures ! Comme l’indiquent les experts, cette tendance baissière, plutôt alarmante et amorcée il y a trois ans, n’épargne aucune catégorie. Il s’est ainsi immatriculé 47 356 deux-roues motorisés neufs au cours des trois premiers mois, contre 61 054 unités sur la même période il y a un an.
Les motos neuves ne séduisent plus, autant que les scooters d’occasion
Dans le détail, les immatriculations de motos neuves tombent de -21%, à 38 448 unités. Parmi ces ventes, celles des plus grosses cylindrées, de plus de 400cc, tentent de résister, à -14%. Du côté des scooters neufs, le déclin des ventes atteint -28%, à 8 908 unités. Et ce n’est pas mieux pour les deux-roues d’occasion, pour lesquels le décrochage est tout aussi impressionnant, avec des ventes globales en chute de 20% au 1er trimestre 2025, pour tomber à 164 233 transactions contre 206 229 en 2024. Les motos de seconde main lâchent ainsi de -17% à 127 202 unités, tandis que les scooters d’occaz n’ont vraiment pas convaincu les acheteurs, qui ont été moins nombreux de -30%, et ne se sont offert que 37 031 unités.
L’observatoire note aussi que sur le plan démographique, cette morosité des ventes de deux-roues affecte particulièrement les communes rurales de moins de 2 000 habitants, avec une chute de 23%. À titre de comparaison, les agglomérations de plus de 200 000 habitants enregistrent une diminution de 18%, tandis que les grandes métropoles comme Paris, Marseille-Aix-en-Provence et Lyon sont un peu moins touchées, avec un recul de 14%. Dans ces dernières, le pouvoir d’achat des acheteurs semble globalement moins affecté.
On sait que la période n’incite pas à la dépense, mais pourquoi les Français boudent-ils autant les concessions de motos et de scooters ? L’entrée en vigueur au 1er janvier de la norme Euro 5+ pour les tous les véhicules neufs (qui impose des réductions d'émission de monoxyde de carbone, d'hydrocarbures, d'oxyde d'azote et de particules), ainsi que le renforcement ou l’incertitude des règles écologiques en matière des ZFE ou ZTL, incitent les consommateurs à repousser leurs projets d’achat. Et à attendre l’intégration de modèles conformes dans les catalogues des constructeurs, voire le lancement de promos pour écouler les stocks de modèles non conformes. Pour ce qui est de l’offre de deux-roues d’occasion, elle diminue, logiquement, au vu de ces propriétaires qui conservent un peu plus leurs engins et qui ne sautent pas encore le pas de la petite annonce. N’oublions pas la mise en place du contrôle technique obligatoire, qui a fait beaucoup jaser parmi les motards, même s’il a eu lieu il y a déjà un an.
Il faut bien reconnaître aussi que motards ou scootéristes se déplacent moins, du fait de la diversité des autres modes de déplacement à leur disposition, dont une offre de transports en commun toujours plus étendue. Ainsi, l’attrait des trottinettes ou des voitures sans permis, à l’instar de la Citroën Ami, n’est pas pour rien non plus dans cette tendance. Les lycéens issus de familles aisées sont les premiers à succomber. Notons toutefois que les ventes de ces quadricycles sont en baisse de 28% depuis le début de l'année. Dans les grandes villes, les potentiels acheteurs sont également confrontés au renforcement des règles écologiques de circulation, comme de stationnement payant, profitables aux engins moins polluants. D’ailleurs, cela se ressent dans les choix, le segment des deux-roues électriques affichant une baisse des ventes inférieure aux autres segments, à «seulement» -5% au global (7 975 unités immatriculées au 1er trimestre 2025 contre 8 410 au 1er trimestre 2024). Ce recul somme toute limité est toutefois en grande partie dû aux cyclos et motos d’occasion, plus séduisant pour le portemonnaie, qui s’affichent respectivement en hausse de +12% et +25%.
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