Le célèbre Babybel, le petit fromage à coque rouge, dit adieu à son traditionnel emballage en cellophane pour passer au papier. Le groupe Bel (Babybel, Vache qui rit, Boursin, Pom’Potes, Materne) franchit ainsi une nouvelle étape dans la réduction des emballages plastiques, sous la pression croissante des consommateurs et des politiques, rapporte Sud Ouest. C’est dans son usine d’Evron, en Mayenne – où est produit un Babybel sur deux dans le monde – que le groupe a concrétisé cinq ans de recherches pour adapter ses lignes de production à ce nouveau conditionnement.

Deux des huit lignes de l’usine ont déjà été modifiées, et l’objectif est d’atteindre 100% de portions emballées en papier d’ici fin 2027, soit deux milliards d’unités chaque année à travers ses cinq sites industriels. Adapter les machines et remplacer certaines d’entre elles a été nécessaire pour maintenir le rythme de production : 14 portions emballées par minute et 5 millions d’unités par jour. «Il y a des attentes sociétales fortes et croissantes sur l’aspect des emballages et, en tant qu’entreprise qui a inventé le fromage en portion, nous avons une responsabilité», explique Béatrice de Noray, directrice générale adjointe chargée de la croissance du groupe Bel.

Vers des emballages 100% recyclables ou compostables d’ici 2030

La transition vers le papier intervient dans un contexte où le plastique, utilisé massivement depuis les années 1950 pour ses propriétés et son faible coût, représente encore 20% de la consommation nationale, dont 91% pour l’emballage alimentaire, selon une étude de l’Inrae. Le débat sur la taxation des emballages plastiques a récemment animé l’Assemblée nationale, mais même sans nouvelles taxes, la pression sur les industriels pour réduire leur empreinte écologique reste forte. Pour sa part, Béatrice de Noray indique que ce changement n’est pas une «réponse à des injonctions, mais une réponse à long terme».

Selon Delphine Chatelin, vice-présidente innovation et développement chez Bel, le papier permettra de proposer «des emballages plus respectueux de la planète». Le groupe annonce une réduction de 2 500 tonnes de CO₂, soit 62% de l’empreinte carbone de l’emballage. Ce nouveau conditionnement constitue une étape vers l’objectif 2030 : 100% d’emballages recyclables ou compostables à domicile. D’autres produits du groupe, comme le fromage Kiri, pourraient suivre, après des tests avec des start-up pour obtenir un papier résistant à l’eau, à l’air et aux graisses, tout en respectant les normes sanitaires.

Reste la question du recyclage : ces petits emballages en papier sont pour l’instant difficiles à traiter dans les centres de collecte. Delphine Chatelin précise que Bel travaille à la création d’une filière de recyclage adaptée. Mais pour Zero Waste France, remplacer un emballage jetable par un autre ne suffit pas :«C’est le modèle du jetable dans son ensemble qu’il faudrait repenser», souligne Marine Bonavita, chargée de plaidoyer pour l’ONG.