
«C’est le plus grand accord jamais conclu», a réagi Donald Trump. Dimanche 27 juillet, le président américain est parvenu à la signature d’un accord commercial avec l’Union européenne. La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit «oui» à des droits de douane à un taux unique de 15% sur toutes les exportations européennes.
Depuis plusieurs mois, Donald Trump faisait planer la menace de droits de douane généralisés de 30%, censés entrer en vigueur dès le 1er août. Souvenez-vous, en avril dernier, le chef d’Etat américain avait donné le coup d’envoi de la guerre commerciale, lors du «Liberation Day», en annonçant de nouveaux droits de douane pour une multitude de pays avec lesquels les Etats-Unis échangent. Il avait initialement promis des droits de douane de 20% pour l’UE avant de revenir plusieurs fois sur le sujet. Malgré tout, en Europe, certains secteurs paient déjà un lourd tribut depuis ce printemps. C’est le cas de la sidérurgie (acier et aluminium) ainsi que le secteur de l’automobile, soumis à des droits de douane additionnels de 25% décidés par le président des Etats-Unis.
Une taxe douanière unique de 15% et des promesses d’investissement
En parallèle, dimanche, depuis l’Ecosse où Donald Trump s’est entretenu avec Ursula von der Leyen, l’Union européenne s’est engagée à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine sur trois ans, soit 250 milliards par an. «Nous remplacerons le gaz et le pétrole russes par des achats importants de GNL (gaz naturel liquéfié), de pétrole et de combustibles nucléaires américains», a expliqué la présidente de la Commission européenne.
L’UE a aussi promis 600 milliards d’euros de nouveaux investissements européens sur le sol américain. Alors que l’Europe s’inquiétait depuis déjà plusieurs mois d’une escalade dans la guerre commerciale avec les Etats-Unis, Ursula von der Leyen s’est félicitée d’un «bon accord qui apportera de la stabilité et de la prévisibilité» des deux côtés de l'Atlantique
Certains secteurs échappent aux droits de douane
Certains secteurs sont plus chanceux que d’autres. Les deux puissances, qui s’échangent chaque jour pour près de 4,4 milliards d’euros de biens et de services, ont décidé de lever réciproquement leurs droits de douane sur les équipements aéronautiques. «Certains produits chimiques, des équipements pour semi-conducteurs, certains produits agricoles et des matières premières critiques» sont aussi concernés, a précisé la présidente de la commission européenne. Une décision concernant la pharmacie et les semi-conducteurs, initialement menacés de taxes douanières de 200%, devrait être prise dans deux semaines, selon le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick.
Malgré tout, les Européens espèrent également exempter de droits de douane les alcools et le vin produit en UE, mais les deux dirigeants n’ont pas trouvé d’accord sur ce sujet. «C’est quelque chose qui doit être résolu dans les prochains jours», a assuré Ursula von der Leyen. À l’inverse, le secteur de l'automobile gagne au change et sera désormais taxé au taux unique de 15%.
La France dénonce un accord «déséquilibré» avec les Etats-Unis
En France, au lendemain de la signature, le ministre délégué français chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a souligné la «stabilité temporaire» de cet accord qu’il juge tout de même «déséquilibré», estimant que le «libre-échange (...) est aujourd'hui rejeté par les Etat-Unis qui font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l’OMC (organisation mondiale du commerce ndlr)».
L’accord commercial négocié par la Commission Européenne avec les Etats-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l’escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré.
— Benjamin Haddad (@benjaminhaddad) July 28, 2025
Il a le mérite d’exempter de tarifs des secteurs clés pour l’économie…
Sur Linkedin, le ministre délégué du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a lui aussi réagi. Selon lui, cet accord permet «à court terme de stabiliser la relation transatlantique en mettant fin à une incertitude économique délétère (...) et préserve l’accès des entreprises européennes au marché américain en évitant l’escalade». Interrogé sur France Inter, le ministre a appelé à un «rééquilibrage». «Moi je ne veux pas qu’on s’arrête à ce qui s’est passé hier. Ce serait effectivement assumer que l’Europe n’est pas une puissance économique», a-t-il prévenu. «Est-ce que l’Union européenne est une force ? Si on veut que la réponse soit oui, alors la messe ne doit pas être dite», a ajouté Laurent Saint-Martin. De son côté, le Premier ministre François Bayrou a déploré sur X lundi matin, «un jour sombre» où l’Union européenne s’est résolue à «la soumission».



















