Près de 1,2 milliard d’euros, six fois plus qu’il y a dix ans ! Le capital placé en 2019 dans les champions français de la cleantech par les fonds d’investissement en dit long sur l’engouement qu’ils suscitent. Que les inventions aident à lutter contre le réchauffement climatique, les pollutions de l’air, de l’eau et du sol, ou permettent de préserver les ressources naturelles, « c’est un raz de marée, observe Alexis Gazzo, associé chez EY. Et la tendance est la même partout dans le monde ». Les pouvoirs publics ne sont pas en reste : « Nous allons injecter 5 milliards d’euros d’ici 2024 dans les entreprises dédiées à la transition énergétique », détaille Paul-François Fournier, grand manitou de l’innovation chez Bpifrance.

Car en devenant la priorité de (presque) tous les pays, la sauvegarde de la planète s’annonce aussi comme un gigantesque business. D’où la course qui mobilise universités, labos publics, grands groupes et start-up sur tous les continents pour être les premiers à mettre au point les bioplastiques du futur, des batteries rechargeables hyper rapidement, des fertilisants naturels… Leurs ingénieurs nous promettent un avenir moins destructeur de ressources rares et plus économe en CO2. Ils nous promettent aussi des emplois. En France, les filières énergies renouvelables et efficacité énergétique, qui comptent 500.000 salariés aujourd’hui, devraient en faire travailler 1 million en 2030.

A base de papier et d’enzymes, les piles seront 100% écolos

Voilà un petit objet qui a envahi notre quotidien. Pas seulement nos montres, nos torches ou nos télécommandes. Les piles alimentent aussi les petits appareils électroniques à usage unique. Comme les tests de grossesse digitalisés qui, une fois utilisés, finissent à la poubelle. Avec leur lot de métal et de produits toxiques non dégradables. D’où l’urgence de concevoir des piles avec zéro impact sur l’environnement. C’est le défi relevé par la start-up BeFC, issue du CNRS, après dix années de recherche et six brevets déposés. Ses piles miniatures recyclables faites de couches de cellulose utilisent la biocatalyse (oxygène et glucose) pour produire de l'électricité. Les capteurs s’activent au contact d’une goutte d’eau, de sueur, de salive, de sang ou d’urine. Sans métal ni lithium, fines et flexibles, elles peuvent être intégrées à tous les appareils électroniques de basse puissance. Leur potentiel est énorme : outre les dispositifs médicaux, ces piles 100% écolos pourront alimenter quantité d’objets connectés ou permettre de suivre des millions de colis. Beaucoup d’industriels de l’emballage et de logisticiens sont déjà intéressés.

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L’efficience énergétique des bâtiments sera décuplée

C’est le Graal écolo : pouvoir stocker les énergies renouvelables dont la production est le plus souvent intermittente, ce qui constitue un frein à leur utilisation. Sylfen, une start-up fondée en 2015 à Grenoble, a pris un tour d’avance : avec pas moins de 22brevets déposés et 40 millions d’euros investis, cette pépite tricolore a mis au point une solution destinée aux bâtiments, responsables aujourd’hui de 40% de la consommation d’énergie en France. Développé en partenariat avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) de Grenoble, son Smart Energy Hub (SMH) est un système de stockage à hydrogène qui devrait rapidement conquérir les promoteurs d’écoquartiers. Un superlogiciel pilotera l’énergie produite par un immeuble équipé, par exemple, de panneaux solaires : celle-ci sera autoconsommée en journée, tandis que le surplus sera conservé sous forme d’hydrogène dans des réservoirs. Lorsque, la nuit, l’édifice aura besoin de lumière ou de chaleur, une fonction pile à combustible se mettra en route et alimentera le bâtiment en électricité.

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