
Alors que le droit des femmes recule dans de nombreuses régions du monde, un autre danger, plus silencieux mais tout aussi déterminant, s’installe : celui de leur effacement progressif des filières d’avenir. Les femmes restent largement absentes des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) – les disciplines qui structurent l’économie de demain.
Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur, moins d’une étudiante sur trois s’oriente vers une formation scientifique ou technologique. En mathématiques, comme le rappelle une étude récente de l’ENS Lyon, la proportion de filles chute dès le lycée, conséquence directe de stéréotypes profondément ancrés : les garçons seraient “plus faits” pour les raisonnements abstraits, les filles “meilleures en littéraire”. Ces biais culturels, transmis inconsciemment par les familles, les enseignants, les médias, limitent encore aujourd’hui l’ambition et l’émancipation des jeunes filles.
Un enjeu d’émancipation économique
Le risque est immense. Car dans une économie mondialisée et automatisée, les compétences STEM déterminent désormais l’accès à l’emploi, à l’autonomie financière, à la prise de décision. Exclure les femmes de ces filières, c’est préparer une génération économiquement dépendante des innovations conçues et gouvernées sans elles.
La fracture n’est plus seulement sociale ou salariale : elle devient technologique. Et donc économique.
Les chiffres sont connus : 24 % seulement des professionnels STEM sont des femmes, et une sur deux quitte la tech après 35 ans. Si rien ne change, l’écart de revenus entre les sexes pourrait doubler d’ici 20 ans, faute d’accès équitable aux emplois à haute valeur ajoutée. L’exclusion des femmes des métiers de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité ou des data sciences n’est pas une fatalité : c’est un choix collectif que nous devons refuser.
L’inclusion comme levier de compétitivité
La diversité n’est pas qu’un impératif moral ; elle est un facteur de performance économique. Les entreprises qui intègrent davantage de femmes dans les équipes scientifiques et technologiques sont en moyenne plus innovantes de 25 % et plus rentables de 21 %, selon McKinsey. Dans un contexte où la souveraineté technologique européenne se joue sur la capacité à innover, à retenir les talents et à anticiper les transitions industrielles, l’inclusion devient un enjeu stratégique.
Combattre les stéréotypes, ensemble et maintenant
Nous sommes à un point de croisement. Si nous ne corrigeons pas dès maintenant les biais d’orientation, de recrutement et de promotion, nous laisserons s’installer un déséquilibre irréversible entre ceux qui conçoivent la technologie et celles qui la subissent. Former, valoriser, accompagner les femmes dans les STEM, c’est protéger leur liberté de choisir leur avenir.
C’est tout le sens de Women in STEM Europe : agir sur toute la chaîne de valeur – de l’école à l’entreprise – en conjuguant formation à l’IA générative, développement des soft skills, visibilité des rôles modèles et engagement des partenaires économiques. Parce qu’aucune compétitivité durable ne se construit sans égalité d’accès aux compétences du futur.
L’émancipation des femmes n’est pas une option sociétale : c’est un investissement dans la résilience et la croissance de nos économies.


















