
Des voitures de surveillants pénitentiaires incendiées, des tirs à l’arme lourde, des véhicules tagués… Dans la nuit du dimanche 13 avril au mercredi 16 avril matin, des attaques se sont multipliées partout en France contre l’institution judiciaire. Aux abords des prisons prises pour cible, le sigle «DDPF» a été tagué plusieurs fois. Cette inscription correspond à «défense des droits des prisonniers français», le nom d’un canal Telegram qui dit «défendre les droits de l’Homme à l’intérieur des prisons». Il a depuis été fermé «à la demande de l’autorité judiciaire», a précisé le procureur national antiterroriste.
Le Parquet national antiterroriste s’est saisi mardi de l'enquête ouverte notamment pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle». Pour le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui s'est rendu au centre pénitentiaire de Toulon (Var) mardi après-midi, «il y a manifestement des actes d’intimidation contre les agents pénitentiaires». «Mais la République ne reculera pas», a-t-il déclaré.
Avec @BrunoRetailleau, nous avons écrit aux préfets, au préfet de police et au directeur de l’administration pénitentiaire, pour renforcer sans délai la protection des établissements pénitentiaires et de leurs agents. Les policiers et les gendarmes travailleront en étroite… pic.twitter.com/wpcD0kNMQF
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 17, 2025
«On a l’habitude des coups de pression et des menaces. Mais c’est la première que l’on vit une action de cette ampleur», a réagi Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP) et lui-même officier pénitentiaire, le grade supérieur des surveillants, au sujet de ces attaques contre des prisons. Le syndicaliste raconte le «choc» et la «stupéfaction» des agents pénitentiaires «inquiets pour leur famille». «Désormais la menace n’est plus concentrée à l'intérieur des établissements mais elle se déporte jusqu’au domicile des agents», déplore Wilfried Fonck.
Le gouvernement revendique 44 200 agents dont plus de 30 600 personnels de surveillance dans l’administration pénitentiaire. Pour devenir surveillant de prison, il faudra à partir de 2026 en raison d’une récente réforme, être titulaire d’un baccalauréat. Après avoir passé un concours, les élèves suivent une formation à l’école nationale d’administration pénitentiaire qui se situe à Agen (Lot-et-Garonne). Ils alternent cours théoriques et stages pratiques en établissement pénitentiaire avant de devenir surveillant stagiaire pendant un an.
Certains agents pourraient décider dans l’absolu de ne pas travailler.
Entre 1 846 et 2 618 euros brut par mois pour les surveillants pénitentiaires
La profession comporte plusieurs grades à commencer par celui de surveillant, puis brigadier-chef pénitentiaire et enfin major pénitentiaire. L'évolution se fait par «voie d’examen professionnel», explique Wilfried Fonck. Selon la grille indiciaire du personnel de surveillance au 1er janvier 2025, le salaire brut mensuel des surveillants stagiaires est de 1 836,20 euros. Celui des agents pénitentiaire varie de 1 846 euros brut par mois à 2 618,92 euros brut par mois. La rémunération augmente en fonction de l’expérience du surveillant pénitentiaire. Les brigadiers-chefs sont rémunérés de 2 166,02 euros brut par mois à 2 677,99 euros brut par mois. Quant aux majors pénitentiaires, leur salaire est compris entre 2 372,78 euros brut et 2 929,05 euros brut par mois.
A cela peut s’ajouter des primes week-ends et jours fériés d’un montant de 36 euros pour 8 heures travaillées ainsi que des primes de surveillance de nuit et d’astreinte. Les surveillants pénitentiaires touchent également des heures supplémentaires limitées en principe à «108 heures par trimestre», indique le syndicaliste. Mais beaucoup sont au-delà de cette limite. «Les reliquats d’heures supplémentaires non rémunérées et mis bout-à-bout représentent 13 millions d’euros pour l’année 2024», affirme Wilfried Fonck. «Certains agents pourraient décider dans l’absolu de ne pas travailler. Ils pourraient le faire pendant un an et continuer à être payés parce qu’ils ont plus de 1 600 heures de retard». Cette «dette du ministère de la Justice» envers les agents pénitentiaires est un véritable «puits sans fond» selon le syndicaliste.


















