Mis en exergue lors des derniers affrontements entre l’Inde et le Pakistan, le chasseur chinois Chengdu J-10 est sous le feu des projecteurs aujourd’hui. Toutefois, comme l’explique le site TWZ, son utilisation dans le conflit reste encore à prouver tant les sources sont contradictoires. Mais il y a quelques jours, le Pakistan a revendiqué avoir abattu cinq avions de combat, dont trois Rafale. Selon plusieurs sources, un des avions aurait été touché par un missile air-air chinois de longue portée, le PL-15. Mais les J-10 C sont-ils à l’origine de ces tirs ?

Interrogé par TWZ, le chercheur principal pour la recherche sur la puissance aérienne et la technologie au Royal United Services Institute (RUSI), Justin Bronk, rappelle que de tels missiles ont été retrouvés en Inde. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’ils ont abattu un Rafale même si le ministre pakistanais des Affaires étrangères a déclaré être satisfait du matériel chinois, en particulier le J-10 et le PL-15. Mais le chasseur chinois peut-il tenir le coup face à ses rivaux ? Pour le directeur du programme sur la Chine du think tank américain Stimson Center, Yun Sun, «la victoire surprenante des J-10 et PL-15 chinois va forcer les gens à reconsidérer l’équilibre militaire du pouvoir en cas d’urgence à Taïwan».

Des zones d’ombre autour de l’avion chinois

Alors que la Chine a commencé à travailler sur le J-10 dans les années 1980, il est finalement sorti en 2003. Avec son poste de pilotage doté d’un affichage grand-angle et multifonction, le J-10 reste un avion de guerre avancé. Le pilote est doté d’une lunette de visée montée sur son casque et de commandes HOTAS. Dès son lancement, il était équipé de missiles semi-actifs guidés par radar à moyenne portée PL-11 et de missiles air-air guidés par infrarouge (MAA) PL-8 à courte portée. Puis, l’avion a reçu de nouvelles armes et de nouveaux capteurs, comme le PL-12 à portée moyenne. Et récemment, les PL-8 et PL-12 ont commencé à être remplacés par les PL-10 et PL-15, beaucoup plus performants, selon nos confrères.

Après la première version (J-10 A), la Chine a produit le J-10 B (seulement à une soixantaine d’exemplaires) et donc le J-10 C qui intègre un radar actif à balayage électronique (AESA). Mais malgré ces équipements, que valent ces avions ? Ils sont très peu utilisés en «mode guerre», selon les spécialistes. En outre, même s’ils sont utilisés par le Pakistan, disposent-ils des mêmes caractéristiques techniques que la version officielle ? «Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas», souligne Justin Bronk, qui émet des doutes également sur ses capacités d’attaque électronique.

Le J-10 C plus performant que le F-16 ?

Selon le chercheur américain, le J-10 C est un chasseur relativement comparable à un F-16/D (Falcon), et ses récentes améliorations en termes de radar semblent le rendre performant. Surtout, cela ouvre le débat sur son utilisation alors que des membres du Congrès américain seraient de plus en plus réticents à fournir des F-16 au Pakistan, qu’ils accusent d’être complices de diverses activités terroristes. D’autant que le J-10C pourrait avoir des chances de succès plus importantes dans certains domaines. Enfin, l’avion chinois a un avantage pour le Pakistan puisque l’Inde semble moins être en capacité d’adopter des contre-mesures face au PL-15 qu’il intègre.

Selon Justin Bronk, c’est aussi la première fois que la Chine dispose d’un missile air-air à guidage radar qui n’est «pas seulement supérieur aux solutions russes, mais également nettement supérieur à celles fabriquées aux Etats-Unis en termes de capacité très longue portée». Des développements du J-10 C sont à prévoir, voire son remplacement, mais les Chinois aspirent à l’exporter davantage. Il est aujourd’hui évalué entre 50 et 60 millions de dollars. Soit possiblement moins cher à acheter et en entretien qu’un F-16.