
Signé à l’occasion de la Journée de l’Europe, comme le note Le Monde, ce traité scelle une coopération renforcée entre Paris et Varsovie, avec une clause d’assistance mutuelle en cas d’agression armée. Celle-ci stipule que les deux États «s’assistent mutuellement, y compris par des moyens militaires», dans le cadre des engagements prévus par l’article 5 du traité de l’Otan et l’article 42-7 du Traité de l’Union européenne. Une disposition qui «met en œuvre de manière opérationnelle les solidarités» prévues par les alliances existantes, a insisté Emmanuel Macron.
Ce texte s’inscrit dans la lignée des traités de coopération que la France a déjà conclus avec l’Allemagne (traité d’Aix-la-Chapelle), l’Italie (traité du Quirinal) et l’Espagne (traité de Barcelone). Mais avec la Pologne, l’enjeu prend une dimension géostratégique accrue : le pays est devenu un pilier de la défense européenne face à la Russie et un soutien crucial à l’Ukraine. L’un des aspects les plus sensibles du traité concerne la dissuasion nucléaire. Emmanuel Macron a rappelé que, depuis les années 1960, la France considère que ses «intérêts vitaux» englobent ceux de ses «principaux partenaires», incluant désormais clairement la Pologne.
Une «solidarité encore plus forte» salue Donald Tusk
Donald Tusk s’est montré réceptif à cette approche, évoquant une clause qui «ouvre la possibilité d’une coopération» en matière de dissuasion nucléaire. Le Premier ministre polonais a salué cette orientation, la qualifiant de «solidarité encore plus forte», renforçant l’autonomie stratégique européenne dans un contexte de retrait possible des États-Unis. Varsovie, jusque-là très dépendante du parapluie nucléaire américain, voit dans l’initiative française une opportunité pour diversifier ses garanties de sécurité. Comme le rappelle Le Monde, les deux pays avaient déjà conclu un tel traité bilatéral en 1991, mais moins ambitieux.
Au-delà des aspects militaires, le traité prévoit une coopération approfondie dans plusieurs secteurs clés : infrastructures, énergie, cybersécurité, intelligence artificielle et technologies de rupture. Cette alliance vient combler un «vide stratégique», selon l’Élysée, alors que la France avait déjà tissé des liens renforcés avec d'autres grandes puissances européennes. «Il n’y avait pas de raison, c’était même une anomalie, que nous n’ayons pas de traité avec la Pologne», a expliqué le chef de l’État, en insistant sur la place centrale que Varsovie occupe désormais dans le dispositif de sécurité européen. Emmanuel Macron a précisé toutefois que cet engagement «ne se substitue en aucun cas» aux cadres de l’OTAN ou de l’Union européenne.
Un message fort envoyé à Moscou
Cette séquence s’est tenue alors que Moscou célébrait la victoire sur l’Allemagne nazie le 7 mai, pendant qu’à Nancy, la France et la Pologne réaffirmaient leur ancrage dans un projet européen tourné vers la solidarité et la paix. A la menace de Vladimir Poutine, Emmanuel Macron répond par une stratégie d’autonomie renforcée du Vieux Continent, estimant que le président russe «est du côté de la guerre, pas du côté de la paix». Avec ce traité, la France entend aussi peser davantage dans le dialogue avec Varsovie, longtemps dominé par Washington, et ouvrir des perspectives nouvelles pour son industrie de défense, à l’heure où la Pologne cherche à se doter de nouveaux équipements, des avions ravitailleurs aux sous-marins.


















