Le programme d’un avion de combat européen réalisé à trois pays doit rentrer dans sa «phase 2» en 2026 mais pourrait s’arrêter bien plus vite que prévu. Afin de remplacer les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols, Paris, Berlin et Madrid se sont engagés sur le programme commun de Système de combat aérien futur (Scaf). Le coût total de ce projet est estimé à minimum 50 milliards d’euros.

Pour l’heure, les discussions sur la répartition de la charge de travail et la gouvernance du programme entre industriels représentant chaque pays sont bloquées. La gouvernance française est gérée par Dassault alors que celle de l’Allemagne et l'Espagne repose sur le groupe européen Airbus. Et c’est là que cela coince, puisque les tensions sont très vives entre les deux groupes depuis le lancement du programme en 2017. Une des raisons à ces tensions ? Dassault réclame davantage d’autonomie dans son rôle de maître d’œuvre industriel, pour lequel il a été désigné par les trois États.

La France et Dassault sur la même ligne

«Si on ne parvient effectivement pas à trouver d’accord sur une réorganisation du programme, la France saura faire un avion de chasse seule, ce qui ne veut pas dire en franco-français», a ainsi confié un responsable français, mercredi 24 septembre, préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat dans un contexte politique français contrasté, sans la nomination d’un nouveau ministre des Armées.

Cette position rejoint celle exprimée par Dassault, mardi 23 septembre. La veille, l’avionneur français, par la voix de son PDG du groupe Eric Trappier, avait assuré pouvoir mener «tout seul de A à Z» le projet d'avion de combat du futur (Scaf). Du côté des alliés au projet, la réponse est plus optimiste - ou diplomatique. Le chancelier allemand Friedrich Merz avait déclaré, lors d’une visite à Madrid la semaine passé, que l’Allemagne et l’Espagne voulaient «essayer d’arriver à une solution d’ici fin 2025».