Anne Lauvergeon fait la leçon sur EDF. Dans son dernier livre, Un secret si bien gardé (aux éditions Grasset), l’ancienne patronne du géant du nucléaire Areva lance une charge contre l’énergéticien. La présidente de la société de conseil et d'investissement ALP accuse l’entreprise de sous-exploiter notre parc nucléaire. «EDF, avec 360 térawattheures (TWh), est à 67%. Ça veut dire qu’en fait, on peut produire beaucoup plus sur la base installée», a-t-elle déclaré sur France Inter ce mercredi 23 avril.
Selon elle, produire davantage d’électricité ferait mécaniquement baisser la facture des Français, «c’est mathématique», affirme l'ancienne dirigeante d'Areva. Soulignant «ce qui est en train de se préparer» avec la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), Anne Lauvergeon a également pointé «d’énormes investissements pour des nouveaux réacteurs, pour du renouvelable, pour des connexions du renouvelable, etc.». «Il y en a pour entre 300 et 400 milliards pour les 10 années qui viennent», a prévenu la cheffe d’entreprise.
Le «besoin de décarboner notre économie»
Plutôt que de lancer de nouveaux investissements massifs, Anne Lauvergeon invite ainsi à «utiliser à fond ce que nous avons». «Le sujet, il est majeur pour la France», juge-t-elle. «Nous avons terriblement besoin de décarboner notre économie. Et nous avons les moyens. Vous pourriez dire, oui, il y a 30 ans, il y a 40 ans, on a trop investi dans le nucléaire, on a trop de réacteurs nucléaires. Peut-être. On les a. Faut-il donc les faire fonctionner à 67% ?», interroge-t-elle encore. «Ce qui est prévu dans la PPE et caché aux Français est qu'on pourrait produire plus, et diminuer pour la première fois depuis dix ans les factures d'électricité», insiste-t-elle.
«On a été les champions pendant 30 ans de l’électricité la moins chère d’Europe. Les Allemands ont vendu le renouvelable en vitrine, sauf qu'en réalité, il y avait le charbon derrière, et encore derrière, le gaz russe», a par ailleurs pointé Anne Lauvergeon dans l’émission C à vous ce mercredi.
